Vincent Delerm – « Les filles de 1973 ont trente ans »

Vincent Delerm est souvent critiqué pour sa voix désinvolte et un tantinet saoulante, et plus encore pour ses textes remplis de name-dropping (jusqu’à la caricature dans cette chanson), très égotistes, qui parlent quasi exclusivement de lui et de son microcosme social (en gros la petite bourgeoisie intellectuelle des beaux quartiers des métropoles, et notamment de Paris). Sur l’album « Kensington square » paru en 2003, sept des dix chansons comportent dans leur titre un nom propre, les références musicales ou littéraires pleuvent (« Quatrième de couverture » , « Deutsche Grammophon » , « Le baiser Modiano » )… Il y a bien de quoi agacer, en effet.

On relève moins souvent que musicalement, les compositions de Vincent Delerm sont très variées, avec parfois un piano voix très sobre (par exemple sur « Gare de Milan » ), et d’autres fois, comme dans cette chanson, des arrangements assez précieux, qu’un chroniqueur a comparés à ceux de The Divine Comedy. D’une chanson à l’autre, on peut entendre des cordes, du clavecin, de la harpe, de la trompette, une mandoline, des mariachis…

Dans « Les filles de 1973 ont trente ans », Vincent Delerm marche sur les traces de son père Philippe, auteur du fameux petit livre « La première gorgée de bière » : il parle des petits riens qui font le sel de la vie.

Mais là où son écrivain de père évoquait les instants anodins et potentiellement magiques qui parsèment notre vie actuelle, Vincent Delerm préfère fouiller dans sa mémoire, dans son journal intime ou dans un vieil album de photos de classe, et il en exhume les souvenirs indélébiles qu’un jeune adulte de trente ans conserve de son adolescence au lycée. Moi qui suis un incorrigible nostalgique, cette chanson me parle beaucoup, et je pourrais écrire un texte du même tonneau avec mes propres anecdotes… Vous qui me lisez, je suis sûr que c’est votre cas aussi, n’est-ce pas?

En 2003, les filles de 1973 avaient trente ans.

Vingt ans plus tard elles en ont cinquante, ou presque. Je sais déjà que dans vingt ans, si je suis encore là, j’aurai beaucoup de nostalgie en évoquant les souvenirs qu’elles (et celles de leur âge) m’auront laissé au début des années 2020…

Spéciale dédicace aux quinquas de la green team (Karine, Flo, Nathalie, Stéphanie, Anne, Isabelle…): je vous embrasse avec affection.

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