« Il ressentait une forme d’inquiétude, l’impression de parler à quelqu’un d’une autre planète. Sensation bien connue, certes, certes. »
(Boris Vian, L’arrache-coeur)
Hier j’ai essayé de regarder l’intervention du président de la République sur la « planification écologique » , « l’écologie de progrès » , « l’écologie à la française » , « l’écologie compétitive » , « on a fait le boulot » , bla bla bla.
Je n’ai pas trouvé la force d’aller au bout.
Et très vite j’ai repensé à cet extrait de Boris Vian qui m’a frappé quand j’ai relu L’arrache-coeur il y a quelques semaines.
L’impression d’être face à un sociopathe qui vit dans un monde parallèle.
Un type qui ne comprend rien à la gravité, à l’urgence et surtout au caractère systémique de la catastrophe écologie et sociale en cours.
Un type qui, comme le disait le psychologue Paul Watzlawick, ne sait pas réfléchir autrement qu’en mode « Plus de la même chose » , et tant pis si cette chose (l’industrialisation du monde, la croissance économique, la technologie…) est en train de nous précipiter dans le gouffre: il s’imagine sincèrement que c’est cela même qui va nous sauver.
Un type, c’est ça qui est le pire, dont la folie est partagée par une large majorité de la population, tout spécialement parmi les « élites » , qu’elles soient politiques, administratives ou économiques. Très souvent je suis en train de discuter avec une personne que je sais intelligente (bien plus que moi), cultivée (bien plus que moi), et très bien informée (bien mieux que moi), je l’entends dire une chose à propos de ses activités, de son alimentation, de ses voyages, de ses projets d’avenir, etc., et soudain un voile me passe devant les yeux et je me dis « Mais cette personne n’a pas compris ce qui se passe, comment est-ce possible?«
« Sensation bien connue, certes, certes. »
Mais je n’arrive pas pour autant à m’y faire.