Youn Sun Nah – « Kangwondo Arirang »

Durant ma première année en musique, j’ai chroniqué trois morceaux du magnifique septième album de Youn Sun Nah, très douée pour composer, mais à mon avis plus encore plus réinventer de façon fabuleuse des standards de jazz (« My favourite things », « Same girl ») ou des chansons de films (« La chanson d’Hélène »).

Il faut dire que la chanteuse coréenne a une voix tout à fait extraordinaire, qu’elle peut emmener dans tous les registres, de la tendresse au chagrin jusqu’à des déchaînements ravageurs d’indignation. Elle sait jouer des silences et des temps de suspension, capter et retenir l’attention par des ruptures de rythme parfois impressionnantes. Elle est accompagnée par des musiciens avec qui l’osmose est parfaite, et elle jongle avec bonheur entre des instruments contemporains (notamment la guitare et la contrebasse) et des instruments traditionnels aux sons étranges et captivants.

Le résultat est une musique d’une intensité fantastique. J’ai eu la chance d’assister à un concert de Youn Sun Nah, au troisième rang de la maladrerie Saint-Lazare de Beauvais, et ça a été une expérience inoubliable.

De cet album acclamé par la critique, je présente ce soir un quatrième extrait qui nous emmène en voyage dans le pays d’origine de Youn Sun Nah. « Kangwondo Arirang » est en effet un chant traditionnel coréen, mais l’interprétation qu’elle en offre ne le tire absolument pas vers le folklore.

À la première écoute, on pourrait croire que c’est une berceuse, tant la mélodie est lente et sinueuse, tant les arrangements sont subtils et légers, et tant la voix est empreinte de la douceur et de la délicatesse qui siéent lorsqu’on accompagne un enfant dans le sommeil. Mais en réalité il s’agit, comme l’a dit elle-même Youn Sun Nah, d’une « histoire d’amour très triste« , d’un « korean blues« .

Peu importe, au fond. Ce qui compte le plus, c’est qu’il s’agit d’une merveilleuse mélopée, infiniment émouvante et totalement universelle. De Séoul au Limousin en passant par La Paz, par Chicago ou par un village perdu au fin fond d’une savane africaine, comment pourrait-on ne pas être ébranlé en écoutant une chanson pareille, chantée par une chanteuse pareille?

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