Get well soon – « My home is my heart »

Composé pendant le premier confinement du printemps 2020, le sixième album de l’allemand Konstantin Gropper (« Amen ») se veut délibérément optimiste: jamais sans doute sa musique, et surtout ses textes, n’ont été aussi bien résumés par le nom de groupe qu’il s’est choisi (« Ça ira mieux bientôt » ).

Sur la durée de l’album, cela flirte parfois avec l’excès de lyrisme, de baroque, d’enjolivures symphoniques, et surtout de pensée positive. Certaines phrases ressemblent à celles dont on abreuve les participants aux stages de développement personnel pour les inciter à croire en l’avenir et en eux-mêmes. Ça a pu m’intéresser il y a un moment, mais ce n’est plus du tout ma came.

Bref, cet album n’était pas forcément fait pour m’enthousiasmer.

Mais je l’ai découvert par ce titre, qui m’a tout de suite emballé.

« My home is my heart » fait partie des chansons dans lesquelles Konstantin Gropper pousse à fond les curseurs vers une forme d’emphase musicale et poétique. Ici le beat énergisant est en grande partie donné par des accords de piano, ce qui donne plus de chair à cette synthpop endiablée, irrésistiblement dansante.

Et puis il y a ce titre qui va droit au coeur, c’est le cas de le dire.

Bienheureux les humains dont le coeur est un refuge dans lequel ils se sentent apaisés et en sécurité, comme dans un cocon chaleureux.

Dans beaucoup de démarches psychothérapeutiques, les séances commencent par une invitation à invoquer en soi-même, en son propre coeur, un lieu dans lequel on se sent bien, en sécurité, pour se donner le courage de faire remonter des souvenirs douloureux en sachant que si cela devient trop dur, on saura à quoi se raccrocher.

Parfois aussi, le coeur est présenté comme une sorte de boîte à secrets dans laquelle on peut mettre à l’abri nos relations les plus importantes et nos souvenirs les plus chers, et ainsi les emporter avec soi partout où l’on va.

Ou bien encore on y voit un personnage à part entière, une sorte de fée magicienne et bienveillante à qui l’on peut toujours s’adresser car elle sait, elle, ce dont nous avons besoin pour aller mieux (« Que me dit mon coeur? » ).

Quoi qu’il en soit, le coeur n’est pas qu’un muscle puissant qui nous maintient biologiquement en vie, qui fait circuler le sang en nous: quand il se brise, ce n’est pas sous l’effet d’une crampe ou d’une déficience purement physique, mais parce que quelque chose s’est usé et s’est cassé dans notre âme, parce qu’un fil fragile qui tisse notre histoire de vie s’est délité. Il m’est arrivé de ressentir une telle détresse que mon coeur semblait sur le point d’imploser, et que si je faisais une crise cardiaque elle ne serait provoquée par rien d’autre que par le chagrin.

Aujourd’hui il m’arrive souvent de poser la main sur mon coeur et de lui parler comme à un ami fragile et précieux. Je suis en train d’apprendre que mon coeur, c’est ma maison, ou mieux encore que ma maison, c’est mon coeur, et que c’est donc d’abord de lui que je dois prendre soin.

« Just be yourself and love yourself, that should do the trick »

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