Talk Talk – « Wealth »

Quatrième et dernier titre de l’album « Spirit of Eden » (1988), « Wealth » est une chanson qui porte parfaitement son nom car elle est, comme toujours sur les deux derniers opus de Talk Talk, d’une richesse confondante.

Après le disque de transition qu’a représenté « The colour of spring », le groupe a décidé de larguer les amarres et de s’éloigner résolument de la synthpop de ses débuts. Il s’oriente alors vers une musique de plus en plus expérimentale, avec des morceaux de plus en plus longs, de plus en plus épurés et intimistes, de plus en plus dépourvus de la structure classique en couplets / refrain, de plus en plus traversés par l’improvisation… et de plus en plus touchés par la grâce.

De grâce il est ici question, justement. Méditative, intensément spirituelle, « Wealth » ressemble à une prière adressée à un Créateur à qui on implore du soutien, de l’espoir, et surtout de la réassurance (« Bring me salvation if I fear« ). Tout cela me rappelle le fameux psaume 23 (« Ton bâton me guide et me rassure« ), qui m’émeut toujours beaucoup pour le mélange de fragilité et de confiance qu’il exprime.

Mais si ce morceau m’a toujours collé des frissons, ce n’est pas tant pour son texte que pour sa musique, qui elle aussi évoque clairement la musique sacrée, notamment pour la longue ligne d’orgue qui en est la colonne vertébrale et qui occupe tout l’espace sonore dans les derniers instants. On a alors l’impression d’entrer dans une église et d’assister à une cérémonie infiniment précautionneuse. Infiniment, oui, car ça n’en finit pas, si ce n’est par un fade away d’une délicatesse absolue. « Wealth » est un morceau qui ne s’arrête pas mais qui prend congé, qui rend son dernier souffle, enfin apaisé, immergé dans une tranquillité inaltérable. C’est le dernier titre de l’album, et ce n’est pas un hasard.

Il y a dans cette chanson tout ce qui fait de Talk Talk un groupe hors normes et qui, à mon avis, plane souverainement au-dessus d’à peu près toute la production pop-rock et post-rock des années 1980-90.

« Create a home within my head

Take my freedom for giving me a sacred love »

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