Quand Genesis sort son treizième album en 1983, cela fait huit ans que Peter Gabriel a quitté le groupe qu’il avait fondé, pour mener une carrière solo riche et audacieuse. En comparaison, les disques de Genesis font assez pâle figure à mon avis: loin du rock progressif inventif de ses débuts, ils lorgnent de plus en plus vers la variété internationale et le rock FM. Qu’il est difficile de résister au chant des sirènes de l’industrie musicale, quand elles invitent à produire une musique formatée pour passer à la radio et à la télévision et pour organiser des concerts géants…
Mais dans cette période de Genesis version Phil Collins, il y a quand même quelques pépites que j’aime beaucoup écouter, notamment sur la première face de cet album.
C’est le cas avec le diptyque « Home by the sea » / « Second home by the sea » , onze minutes découpées en deux parties mais qui en réalité n’en font qu’une.
La seconde moitié renoue avec les tonalités prog rock, avec les longs développements instrumentaux dominés par les claviers, conclus par un solo de guitare et suivis par la reprise du thème par la voix inspirée de Phil Collins.
Mais je préfère le premier « Home by the sea » , plus rythmé, plus tubesque et tellement efficace. Le texte parle d’un cambrioleur qui s’infiltre de nuit dans une maison isolée au bord de la mer et qui va vivre une expérience traumatisante: il s’avère que la maison est hantée, et les fantômes qui l’habitent vont lui apparaître afin de lui raconter leur histoire, en l’empêchant de s’enfuir (« Sit down! » ). Un drôle de thème, peut-être une allusion (pas très) discrète à la psychanalyse? En tous cas c’est un morceau que j’aime beaucoup réécouter.
« Help us, someone, let us out of here
’cause living here so long undisturbed,
dreaming of the time we were free,
so many years ago »