Melody Gardot – « Love me like a river does »

J’aime les choses qui coulent de source, qui ne sont pas conquises de haute lutte et dans la colère (même si bien sûr la colère et le combat sont très souvent nécessaires, salutaires et même indispensables). J’aime les choses qui semblent avoir été produites, obtenues ou offertes de façon fluide, légère, paisible, aussi spontanément que l’on sourit quand on est soudain joyeux d’avoir reçu un cadeau inattendu, ou quand un souvenir heureux nous revient inopinément à l’esprit.

J’aime quand l’amour coule de source.

Quand on a l’impression d’avoir résolu sans effort, par grâce, une équation qui semblait pourtant a priori impossible: comment être amoureux, vibrant d’émotion et tremblant de désir, tout en ressentant une profonde confiance en l’autre, une volonté indéfectible de s’abandonner tout à fait et d’être toujours là quand il ou elle aura besoin de s’abandonner.

Quand on a appris à échanger sur les difficultés de la vie de couple, à être à l’écoute des inquiétudes, des fragilités et des demandes de l’autre, à exprimer les siennes de façon douce, empathique et bienveillante, avec la volonté sincère de s’ajuster l’un à l’autre, sans rien perdre pourtant de son individualité et de sa personnalité. Et quand on sait tous les deux que derrière ces discussions, qui peuvent parfois être très éprouvantes et insécurisantes, il y a l’essentiel: une relation belle et puissante, tendre et sécurisante, que l’on n’a pas besoin de tester tous les quatre matins, que l’on chérit, dont on prend soin et que l’on nourrit pour qu’elle devienne encore plus belle, encore plus puissante, encore plus tendre et encore plus sécurisante.

Alors l’amour est comme une rivière: le plus souvent il est paisible et patient, mais parfois il enfle et sort de son lit; il prend plus ou moins de place et il réclame plus ou moins d’attention en fonction de la météo intérieure des amoureux et des aléas de leur vie; mais en tous cas il est le lieu où ils se retrouvent, la main dans la main, pour regarder couler le temps qui passe, pour se réconforter ou se consoler mutuellement, pour se donner de la tendresse et du plaisir, mais toujours en se réjouissant de l’existence et de la présence l’un de l’autre.

Ici enregistrée en concert à Paris, accompagnée par un orchestre minimaliste et respectueux (des accords de piano espacés par de longs silences, quelques roulements de cymbales, quelques gémissements de trompette), la chanteuse de jazz américaine Melody Gardot exprime cette félicité et cette sérénité de façon magnifique et souveraine.

Avant de se lancer dans la chanson, elle l’introduit par quelques mots chantés de façon enlevée et quasi enfantine, suscitant quelques rires parmi le public.

Mais la suite est d’une sensualité torride. À 1’34 sa voix s’envole puissamment, avant de retomber pour feuler un « Love me that is all » à faire tomber par terre. C’est à la fois candide et suave, et cela me fait fondre.

« Love me love me love me…

Say you do…

Let me fly away with you…

Love me like a river does,

endlessly

Love me like a river does

Baby don’t rush you’re no waterfall

Love me that is all

Love me like a roaring sea »

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