Ce poème écrit en 1945 par Jacques Prévert est l’un des textes les plus beaux, les plus vrais et les plus émouvants que je connaisse sur l’amour, et il me touche toujours autant à chaque fois que je le relis ou que j’y repense.
L’amour qui s’accapare l’autre, qui le surveille, qui le contrôle et qui l’emprisonne, ce n’est que la possessivité, et celles et ceux qui subissent ce genre de torture savent tout le mal ce que ça leur fait.
Ce n’est que lorsque l’amour accepte et chérit la liberté de l’autre, qu’il peut rimer avec sécurité, avec joie, avec légèreté, avec plaisir de se retrouver et d’être ensemble, avec envie de s’abandonner à l’autre parce qu’on se sent choyé, avec envie de chérir l’autre et de l’encourager à déployer ses ailes parce qu’il nous inspire une tendresse inépuisable.
C’est ce que m’inspire ce texte merveilleusement lumineux, d’autant plus lumineux que ses mots sont simples et parlent à tout un chacun: aux jeunes adolescents qui rêvent leur vie amoureuse avec le coeur battant, aux vieilles personnes qui essayent de se souvenir de la leur avec le coeur serré… et aux gens comme moi, qui ont assez vécu pour avoir connu des déceptions et des chagrins et pour avoir commis bien des erreurs, mais à qui il reste assez à vivre pour s’enflammer encore, et pour avoir envie de croire que ça va être beau et doux, longtemps.
« Je suis allé au marché aux oiseaux
Et j’ai acheté des oiseaux
Pour toi
Mon amour
Je suis allé au marché aux fleurs
Et j’ai acheté des fleurs
Pour toi
Mon amour
Je suis allé au marché à la ferraille
Et j’ai acheté des chaînes, de lourdes chaînes
Pour toi
Mon amour
Et puis, je suis allé au marché aux esclaves
Et je t’ai cherchée
Mais je ne t’ai pas trouvée
Mon amour »