Alain Souchon & Jane Birkin – « Comédie »

Sorti en 1988, le huitième album studio d’Alain Souchon, « Ultra moderne solitude » , est notamment connu pour le 45 tours « Quand j’serai K.O. » , qui lui a valu la Victoire de la musique de la meilleure chanson originale. Plusieurs autres morceaux de l’album abordent ses angoisses existentielles, notamment devant le temps qui passe (par exemple le splendide « La beauté d’Ava Gardner » ).

Chantée en duo avec Jane Birkin, « Comédie » est l’une des chansons par lesquelles Alain Souchon essaye, sinon de combattre cette angoisse et cette mélancolie qui ne le lâchent jamais, mais en tous cas de l’atténuer un peu, ou d’apprendre à « vivre avec » , comme on a pris l’habitude de dire aujourd’hui.

La réponse qu’il explore ici, c’est l’amour et le couple.

Bien sûr, Alain Souchon sait bien que le couple, « c’est difficile » (« On s’aime et c’est tellement dur / On s’crie dessus on s’griffe la figure » ). Il sait bien que l’amour est toujours menacé par des écueils qui serrent le coeur des amants (la jalousie par exemple), et qui font qu’il ne parvient jamais tout à fait à les apaiser (« J’en ai des mots d’amour qui sonnent, / mais maladivement, / cachés comme chez les autres hommes, / dedans » ). Pour un couple, continuer à s’aimer malgré les différences et les petites manies de l’un ou de l’autre, malgré les tracas quotidiens et les grandes épreuves, c’est tout un travail. Pour y parvenir, il faut de l’envie, de la bonne volonté, de l’empathie, quelques habiletés en communication qu’on ne possède en général pas dans ses jeunes années. Il faut aussi des proches et des ami(e)s fidèles et sincères, et sans doute aussi pas mal de chance. En tous cas sur la durée d’un couple, « on s’aime et c’est difficile » .

Mais ce n’est pas parce que c’est difficile que ça ne vaut pas le coup d’essayer, parce que le couple peut aussi être beau et doux, il peut aussi être un espace de sécurité, d’expression de soi et d’épanouissement.

Alors Alain Souchon et Jane Birkin, encouragés doucement par les arpèges d’une guitare électrique qui semble être le témoin bienveillant de leurs sentiments, se regardent et se répondent avec délicatesse, pudeur et vulnérabilité, ils se disent leur peur et leur envie de se confier l’un aux bons soins de l’autre.

Romantique et sensible comme je l’étais quand ce disque est sorti, j’ai beaucoup rêvé aux derniers mots de cette chanson, que Jane Birkin et Alain Souchon chantent de manière entrelacée, en espérant très fort qu’ils se vérifient dans ma propre vie. Si j’avais su alors comment elle tournerait, je suis sûr qu’ils m’auraient éparpillé le coeur… Mais aujourd’hui, instruit par l’expérience des erreurs commises, encouragé par une rencontre inattendue et tourneboulante, je me sens prêt pour tenter à nouveau l’expérience, et « à Dieu vat » .

« Un jour on va partir dans l’air,

et la vie sera

passée tout contre toi,

j’espère« 

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