Sorti en 1992, l’album « Lush Life » est entièrement composé de reprises de standards composés par Billy Strayhorn, qui a accompagné presque toute sa vie Duke Ellington en tant que compositeur et arrangeur.
Ce disque a été un succès critique mais aussi commercial, avec le premier des trois grammy awards reçu par Joe Henderson, et pas loin de 100.000 exemplaires vendus à sa mort en 2001 (ce qui pour le jazz contemporain est une belle réussite).
Tout au long de cet album parfaitement produit, Joe Henderson navigue avec élégance et inspiration entre une relecture des classiques du jazz et des expérimentations subtiles et audacieuses… en réunissant les deux aspects dans une version solo, splendide et impressionnante, de « Lush life » (que j’avais chroniquée dans ma première année en musique). Le critique jazz du New York Times a écrit qu’avec ce disque, Joe Henderson s’est approché « as close to artistic genius as jazz gets nowadays » .
Son jeu de sax ténor est ici moins brut que dans ses disques de la période Blue Note des années 60, son phrasé est plus clair, sa maîtrise technique est encore plus fantastique (la légèreté des aigus, la profondeur et la clarté des graves!), ses sonorités sont plus chaudes et sensuelles, et surtout son sens du swing détendu et son inventivité mélodique atteignent des sommets.
C’est notamment le cas dans ce morceau très original, qui est un duo entre Joe Henderson et Christian McBride, un jeune contrebassiste qui n’avait pas encore vingt ans.
Isfahan est une ville perse, notamment célèbre pour les mosaïques « finement ouvragées » de sa mosquée du Cheikh Lotfallah. Finement ouvragée: c’est aussi ce que l’on peut dire de cette musique.