Sorti en 2003, le sixième album de Cat Power, « You Are Free » , est doté d’un beau titre qui sonne comme une célébration, ou en tous cas comme une invitation et un encouragement: si tu n’es pas encore libre, en tous cas tu peux l’être, bird girl. C’est dans tes mains.
Avec ce disque, Cat Power continue à tracer son sillon indie rock, accompagnée sur quelques titres par quelques invités de haut vol (le chanteur de Pearl Jam Eddie Vedder, le batteur de Nirvana Dave Grohl,s Warren Ellis et son violon).
Mais à côté des chansons nerveuses qui en découlent, elle ajoute aussi de magnifiques morceaux à fleur de peau – par exemple le sourd et intrigant « Werewolf » , qui figure dans la bande originale du film de Pedro Almodovar « Étreintes Brisées » .
« Evolution » fait partie de ces confessions intimes et charnelles par lesquelles se (dé)livre une âme meurtrie, en équilibre instable, désespérément assoiffée de liberté, de paix et de douceur. Ce titre (« Evolution » ), la façon dont le texte est rédigé (une succession de vers qui commencent par « Better » et qui indiquent ce que nous aurions intérêt à faire), le fait qu’il soit placé en dernière position sur le disque, tout semble indiquer que c’est dans cette direction là que Cat Power entend aller, que c’est par ce chemin là qu’elle se sent attirée.
Musicalement, « Evolution » est un piano voix comme les aime Cat Power. Cette musique lente et triste dévoile de façon pudique la fragilité à fleur de peau de la chanteuse, surtout lorsque le piano semble se désaccorder un peu avant de disparaître discrètement dans un fade away. La voix, singulière, un peu traînante et en tous cas captivante, exprime plus intensément encore les états d’âme de Cat Power, sa fatigue intense, la fatale attraction que l’attente et le chagrin exercent sur elle.
Tout cela, ce dépouillement dans le texte, dans la musique et dans le chant, ce halo de mystère et de lassitude, a le don de me coller la chair de poule…
« Better make up your mind quick »