Pink Floyd – « Us and them »

Je ne sais pas si « The dark side of the moon » est l’album « parfait » que beaucoup de critiques musicaux ont décrit, mais le fait est qu’il regorge de morceaux magistraux et fantastiques.

Celui-ci est déjà le quatrième que je partage. Dans la mesure où « The dark side ok the moon » est un album concept, le texte a forcément un sens particulier. Ici il est question de l’isolement, des barrières physiques mais surtout mentales qui nous séparent les uns des autres, en tant qu’individus mais aussi en tant que groupes sociaux, culturels, politiques, ethniques ou religieux… Comment faire en sorte que les clivages entre « Us and them » ne nous enferment pas dans notre petite cage personnelle, avec le risque de l’incompréhension, de la méfiance, de l’animosité, de la haine, du conflit, voire de la guerre (car quand toute possibilité de dialogue a disparu, quand chacun ne rêve que de se débarrasser de la présence de son ennemi, at quand cependant il est impossible de se séparer pour vivre chacun de son côté, que reste-t-il comme autre option que la violence?)

Étant donné le contexte politique troublé que nous connaissons, je crois que ces questions sont particulièrement d’actualité…

Mais comme souvent sur « The dark side of the moon », ce ne sont pas les paroles qui me plaisent: c’est la musique, que l’on croirait avoir été composée et enregistrée pour donner une idée de ce que « planant » signifie.

Dès les premières secondes, on est happé par des nappes jouées à l’orgue Hammond, qui sont rejointes par une batterie aérienne et fluide, par une ligne de basse hypnotique, par des arpèges de guitare cristallins… Tout cela et aussi simplissime que léger.

Plus original, « Us and them » accueille deux solos de saxophone, le premier doux et feutré, le second plus bluesy et surtout plus vif, et même strident. Habituellement c’est un instrument que j’ai vraiment du mal à supporter dans le rock (fut-il « progressif »), car pour moi il est totalement associé aux petites formations de jazz, aux clubs enfumés et aux musiciens noirs portant des feutres classieux et des costumes gris impeccablement taillés… Mais ici ça passe comme glisse une glace en fin de repas: crème.

Musicalement, « Us and them » avance sur coussin d’air durant plus de sept minutes. Durant les couplets en particulier, elle semble flotter entre deux eaux, ou dans l’espace (on ne sait pas), et elle nous offre un temps suspendu dans lequel je me sens irrésistiblement emporté, dans une spirale ascendante vers je ne sais quelle dimension éthérée.

Ces dernières semaines, c’est plutôt vers les abysses que le spectacle du monde m’entraîne, alors je dois dire que regarder un peu vers le haut, ça me fait du bien.

« And after all we’re only ordinary men »

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