Installation de deux cuves de récupération d’eau de pluie

cuves

Un énorme chantier vient enfin de se terminer, et c’est l’un de ceux qui me soulagent le plus, surtout après la sécheresse que nous avons connue en 2022-2023.

Au début de l’année 2023, j’ai fait installer au bord de la maison 2 cuves enterrées en béton de 10.000 litres chacune, reliées l’une à l’autre et alimentées en eau de pluie par des tuyaux en PVC enterrés qui descendent des gouttières des 2 granges. La surface des toitures tourne autour de 300 m², donc avec un orage d’été de 10 mm la recharge peut approcher les 3 m³.

Une première pompe immergée permet d’extraire de l’eau pour arroser le jardin, après une première filtration à l’entrée des cuves.

Une deuxième pompe permet d’alimenter la maison en eau (vaisselle, douches…), après une deuxième filtration.

Enfin un troisième niveau de filtration permet d’utiliser cette eau pour cuisiner, et même pour boire.

Tout ça m’a coûté très cher, j’ai mis une grosse partie de mes économies dedans, mais pour moi c’est une assurance indispensable. À force d’avoir du mal à trouver le sommeil en pensant à ce qui arriverait sur mon terrain s’il n’y n’avait plus d’eau du tout à la source ou si des restrictions significatives pour l’eau du réseau étaient décidées (et dans les deux cas ça pourrait arriver bientôt, à cause d’une sécheresse, d’une pollution, ou tout simplement de la vétusté du réseau), j’ai décidé d’investir pour régler ce problème qui est absolument vital (pour moi l’eau est évidemment LE critère prioritaire pour l’achat d’une propriété rurale, puisque sans eau un système s’effondre totalement en quelques semaines ou quelques mois; si je suis installé ici, c’est en grande partie parce qu’il y a une source, des toitures pour récupérer de l’eau de pluie, la maison et un jardin en contrebas, et un terrain vallonné, ce qui permet à la fois de collecter, de stocker et de distribuer l’eau grâce à la gravité).

Le chantier a duré très longtemps, car la fin du terrassement a été bâclé par une entreprise pas du tout sérieuse (au moment de choisir un terrassier, prenez votre temps et demandez des références…), ce qui m’a obligé à une grosse centaine d’heures de travail à la main (pelle, pioche et brouette…), pour trier des cailloux de toutes tailles, recreuser pour remonter les tuyaux autour des cuves, puis reboucher.

Mais depuis ce matin ça y est, c’est enfin terminé.

* Quelques précisions:

1) Je dispose déjà d’une source (qui coule par l’abreuvoir installé contre la grange), sur laquelle mon voisin agriculteur a fait des travaux, qui vont être encore consolidés (il va creuser une tranchée pour poser des nouveaux tuyaux plus larges et plus résistants entre le regard en haut de mon terrain et l’origine de la source dans sa prairie). Mais un jour ou l’autre, il y aura peut-être une sécheresse telle que cette source s’arrêtera de couler (de même, ça me paraît plus prudent de ne pas compter sur le fait qu’il y aura toujours de l’eau dans les puits).

Bref, il me fallait un plan B (l’un des principes de base de la permaculture: toujours avoir à sa disposition plusieurs éléments pour remplir une seule et même fonction, surtout si elle st absolument essentielle).

2) J’ai parfaitement conscience du bilan carbone très conséquent de la fabrication de ces cuves, de leur transport et de leur installation.

J’ai malgré tout décidé de les installer pour plusieurs raisons:

– Parce que malheureusement, je n’ai plus aucun doute sur le fait que de toutes façons, tout le pétrole qui pourra être brûlé le sera pour une raison ou pour une autre, y compris pour des choses infiniment plus futiles (par exemple pour transporter des touristes en avion).

– Parce qu’avec ce système, mon lieu devient 100% autonome en eau, même en cas de sécheresse (si un jour il n’y a plus d’eau ici, ça voudra dire qu’on sera dans un pétrin vraiment innommable) – je pourrais même, en cas de crise grave, fournir de l’eau potable au voisinage. L’un des objectifs de la permaculture est de concevoir et mettre des systèmes qui soient les plus autonomes possibles, qui exigent le moins de travail possible: c’est le cas ici, avec cette circulation de l’eau qui va se faire automatiquement, par gravité.

– Parce que ce système pourrait aussi fonctionner en mode dégradé, même sans pompe (les cuves ne cesseraient pas de se remplir, et pour les vider il faudrait simplement un seau et une poulie, comme dans un puits en fait).

– Parce que ce chantier permet la mise en place d’un système dont l’empreinte carbone sera durablement faible pour ce qui est de l’alimentation (production de nourriture en local et 100% à la main), et qui va même aider à stocker du carbone (arrosage des arbres dans leurs jeunes années).

– Parce que grâce à ces cuves, je pourrai sauver les jeunes arbres en cas de sécheresse, ce qui contribuera à rendre le sol du terrain plus perméable, ce qui permettra d’y stocker plus d’eau (et la meilleure citerne du monde, c’est un sol vivant).

– Aider à multiplier et à diversifier les végétaux me permettra de continuer à avoir un impact très positif sur la biodiversité (multiplication et diversification des niches écologiques > multiplication et diversification des insectes, des oiseaux, des mammifères, des batraciens, des reptiles…).

3) Bien évidemment, j’ai conscience que si on utilise l’eau n’importe comment, l’installation de cuves peut être un exemple de #maladaptation au changement climatique (c’est-à-dire d’une stratégie d’adaptation qui produit des effets néfastes). Je ferai attention à ce que ce ne soit pas le cas:

>> Bien entendu, je ne vais pas pomper sans réfléchir dans cette réserve d’eau pour arroser de grandes surfaces de plantes trop gourmandes en eau (genre des dizaines de m² de maïs).

>> Bien entendu, je ne vais pas m’arrêter de pailler les végétaux, ce qui permet de conserver un maximum d’eau et de fraîcheur au sol, et donc réduit les besoins d’arrosage.

>> Je vais continuer à utiliser les toilettes sèches (chez moi je ne tire jamais une chasse d’eau).

>> J’ai aussi deux bassins dans lesquels l’eau de ma source peut être stockée (un peu plus de 5 m3 en tout), et qui accueillent aussi des poissons 🙂

>> Je prévois toujours d’installer une ou deux cuves de 1000 litres pour récupérer l’eau des douches afin d’arroser le jardin.

>> Je programme d’installer à terme un système de phytoépuration afin de récupérer la fertilité et l’eau qui partent dans les toilettes quand des personnes qui viennent chez moi ne souhaitent pas utiliser les toilettes sèches.

>> Depuis quelques semaines, je me mets même à rêver d’utiliser le trop plein des cuves pour remplir une piscine naturelle que l’on pourrait installer en contrebas, et dont le trop-plein irait directement rejoindre l’étang (#grosfantasme)

Nous avons devant nous un problème gravissime, celui du manque d’eau.

J’ai une source, mais je pars du principe qu’elle pourra s’arrêter un jour ou l’autre en cas de sécheresse forte et prolongée, et ça peut être pareil pour l’eau du réseau. C’est très imprudent de compter exclusivement sur ces ressources en eau.

Alors j’étais devant un choix à faire. J’ai hésité à cause du bilan carbone et du prix, mais finalement j’ai pris cette décision parce que j’ai estimé qu’elle rend mon lieu beaucoup plus résilient et elle supprime à peu près le risque d’être impuissant pendant que des centaines de m² de plantes comestibles crèvent de soif.

Maintenant je peux me concentrer sur d’autres dossiers qui étaient moins prioritaires, l’esprit plus tranquille.

Ouf.

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