Massive attack – « Be thankful for what you’ve got »

À propos de « Blue lines » , l’excellent album de Massive Attack sorti en 1993 sur lequel figure ce morceau, le rédacteur en chef des Inrockuptibles Jean-Daniel Beauvallet a un jour affirmé que beaucoup d’Anglais ont conçu un enfant en l’écoutant.

Si tel est bien le cas, cela doit notamment être vrai pour « Be thankful for what you’ve got » , car c’est une chanson sur laquelle le trip-hop, ce mélange de soul, de hip-hop, de dub et de bien d’autres influences encore, atteint un sommet de sensualité. Ces longues lignes de synthé qui serpentent, ces scratches nerveux, ces percussions distantes et chaloupées, cette mélodie qui ondule souplement, et le chant légèrement androgyne de Tony Bryan, tout est fait pour donner une impression de trouble, so sexy.

Mais si ce morceau est l’un de mes préférés de Massive attack, c’est aussi pour la thématique qu’il déploie. Écrite en 1974 par le soulman William DeVaughn, c’est une chanson sur la gratitude, ce sentiment si rare et si précieux. Malgré toutes les difficultés que nous pouvons rencontrer dans nos vies, et même si on ne possède pas de choses excitantes mais superflues telles qu’une « big big Cadillac » , il y a toujours des raisons d’éprouver de la gratitude, ne serait-ce que parce qu’on n’a ni froid ni faim, ou parce qu’on a un corps en pas trop mauvaise santé, parce qu’on peut « encore tenir debout » , parce que des frères et des sœurs ont lutté et nous ont permis de bénéficier d’une vie confortable et à peu près exempte de troubles – ou encore, c’est pour moi l’essentiel, parce qu’on a beaucoup d’ami(e)s, parce qu’on a des enfants dont on est fier…

Le message de ce morceau est soul par excellence: soyons reconnaissants pour ce qui nous est donné, surtout quand nous avons la chance d’avoir reçu beaucoup.

C’est mon cas : je suis né et j’ai grandi du côté des privilégiés, et j’ai presque toujours eu beaucoup de chance. Je ferais bien de m’en souvenir davantage et de dire plus souvent merci, car « Ressentir de la gratitude et ne pas l’exprimer, c’est comme emballer un cadeau et ne pas le donner » (William Ward).

« You may not have a car at all,

but just remember brothers and sisters,

you can still stand tall »

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