J’aime bien cette chanson de M pour l’ouverture tremblante et troublante au violon, pour le rythme chaloupé, la mélodie malicieuse du refrain – c’est une petite pépite de pop sucrée.
Mais si chanson me plaît, c’est plus encore pour ces deux vers qui décrivent le sentiment amoureux comme une espèce d’élection mystérieuse, une façon de faire un grand tri dans l’univers entre toutes les femmes sauf une, la seule l’unique, la one and only: « Et toi la bonne étoile / autour de toutes ces figurantes » .
Je sais pertinemment que cette idée est un pur fantasme : il faut vraiment être plein(e) de naïveté pour s’imaginer qu’il n’y a pas, quelque part sur la Terre, ne serait-ce qu’une seule personne avec laquelle on irait mieux que celle avec laquelle on est en couple. Il y a donc quelque chose d’illusoire, et peut-être même d’un peu pathologique, à envisager l’amour ainsi, en s’abandonnant à une espèce d’idéalisation de l’autre. Et à vrai dire j’ai passé l’âge d’y croire encore, de même que j’ai passé l’âge d’avoir envie de m’abîmer dans la passion.
Mais toute ma vie de couple avec la mère des mes enfants, je l’ai passée à me dire que je n’en revenais pas qu’une femme pareille ait pu être intéressée par moi (« J’étais à des années lumières / de penser qu’un jour / je pourrais y croire » ), qu’elle ait pu avoir envie d’avoir un enfant avec moi, puis un deuxième… L’histoire se termine de façon assez affreuse, mais tout le temps que nous avons vécu ensemble, j’ai gardé dans le coeur qu’elle était mon étoile et que toutes les autres n’étaient que de pâles figurantes. Et je dois dire que j’aime bien l’idée d’avoir réussi à concrétiser, ne serait-ce que pendant une petite vingtaine d’années, cette vision romantique dont je rêvais quand j’étais adolescent.
C’est bien loin tout ça, maintenant.
Mais des étoiles et des one and only, il n’y en a pas qu’une, heureusement.