Depuis que j’ai commencé mon « année en musique » au début du deuxième confinement, on m’a demandé plusieurs fois pourquoi je n’ai pas encore partagé un morceau de Queen. La réponse est assez simple et crue: j’ai du mal avec ce groupe.
C’est déjà la personnalité extravagante et un peu borderline de Freddy Mercury qui me saoule, sa façon de s’imposer vocalement et physiquement, comme s’il débordait de soi et empiétait sans vergogne sur les autres. OK, il avait du charisme, OK il avait sans doute une personnalité attachante, mais ça n’excuse pas tout.
Mais je crois que ce qui me gonfle le plus, c’est le côté maniéré et grandiloquent qui transparaît dans certains textes (« The great pretender » ), et plus encore dans beaucoup de compositions (dans « Show must go on » ou « We are the champions » c’est carrément de la boursouflure).
Bref, Queen, « it’s not my cup of tea « .
Mais cette chanson-ci, elle passe, je la trouve même assez sympa.
Peut-être parce qu’elle me rappelle un souvenir plutôt agréable. Quand j’étais en 6ème, il y avait dans ma classe une certaine Béatrice dont j’étais assez amoureux. Je suis allé quelquefois chez elle (on était dans un « collège expérimental » où les élèves pouvaient librement aller et venir dans le quartier en dehors des heures de cours, et ce même pendant les récréations – c’était une autre époque…), et comme son grand frère était fan du groupe, j’y ai entendu un jour cette chanson : ça m’a sans doute marqué.
Les paroles de « Another one bites the dust » évoquent une relation qui se termine après avoir beaucoup blessé l’un de ses deux protagonistes, lequel finit par mordre la poussière : « There are plenty of ways that you can hurt a man / and bring him to the ground / You can beat him, you can cheat him, you can treat him bad, / and leave him when he’s down, yeah. »
Mordre la poussière, c’est ce que j’ai longtemps eu l’impression de ressentir à la fin de mon mariage : j’ai eu beaucoup de mal et j’ai mis beaucoup de temps à m’en relever : « How do you think I’m going to get along / without you, when you’re gone? »
Mais aujourd’hui, et de plus en plus, j’attends le prononcé du divorce comme un soulagement, et même comme une vraie libération : j’ai hâte de laisser derrière moi cette période de ma vie, d’autant plus qu’elle se termine bien salement. De ce fait, les paroles de ce morceau ont plutôt tendance à me rassurer quant au fait que je suis à nouveau debout, que j’ai secoué la poussière et que je suis prêt à avancer à nouveau : « But I’m ready, yes I’m ready for you / I’m standing on my own two feet » .
Musicalement, la ligne de basse qui ouvre le « Another one bites the dust » et qui appuie chaque occurrence du titre et du refrain a un côté obsédant, et l’ensemble de la composition s’avère très dansante, et même funky: il faut dire que John Deacon a emprunté cette ligne de basse au groupe Chic, et l’introduction à la batterie me fait penser à celle de « Billie Jean » du King of pop (lequel était un grand fan de Queen, il a d’ailleurs persuadé le groupe de sortir cette chanson en single). Freddy Mercury chante là aussi de façon arrogante, mais ça cadre très bien avec le rythme et le groove de la chanson, donc pourquoi pas.
Bon, il faut peut-être que j’arrête de faire mon difficile avec Queen ?
« Are you ready? Hey
Are you ready for this? »