Mon partage musical d’aujourd’hui, c’est carrément Radio nostalgie, et je crois que ça l’est pour tou(te)s les quinquas: il y a quarante ans tout pile, à peu près à la même heure, c’était la première diffusion sur Canal+ du TOP 50.
J’avais 14 ans et demi, l’âge auquel on est marqué par ce genre d’événement. Il faut quand même se souvenir (ou découvrir avec effroi, pour les plus jeunes) que la veille encore, il n’y avait en France que trois chaînes de télévision publiques, les stations de Radio France, les trois radios périphériques (RTL, RMC et Europe1), et quelques radios musicales qui avaient fleuri suite à la victoire de la gauche en 81. Et bien sûr pas d’internet et encore moins de smartphone (ouate zeu feuque, mais comment on faisait pour survivre?). Il était donc presque impossible de passer à côté d’un phénomène tel que le TOP 50…
Qui, parmi celles et ceux qui ont aujourd’hui entre 50 et 60 ans, n’a pas regardé au moins de temps en temps l’émission un peu avant le repas du soir (et un peu avant le mythique « Objectif NUL » )? Qui n’a pas en tête le « Salut les petits clous! » de Marc Toesca (on ne disait pas encore « Salut la commu! » )? Qui n’a pas encore en mémoire quelques-uns des titres plus ou moins effroyables qui ont atteint la première place (« Besoin de rien envie de toi » de Peter et Sloane, « When the rain begins to fall » de Jermaine Jackson et Pia Zadora…)?
Dans ces années là, beaucoup de tubes qui déferlaient en Europe venaient d’Italie, ce que nous ne savions pas forcément parce que les noms de scène des « artistes » étaient à consonance anglo-saxonne: Fabio Roscioli aka Ryan Paris (« Dolce vita »), Monica Stucchi aka Valedie Dore (« The night » ), Raffaele Riefoli aka RAF (« Self control, écrit et composé par Steve Piccolo et Giancarlo Bigazzi)…
Dans cette « italo disco », qui n’était ni de la dance, ni de la variété, ni de la pop, mais un mélange de tout ça, il y avait vraiment à boire et à manger. Avec le recul je trouve ça très indigeste, ça relève plus du fast-food que de la trattoria. Mais à l’époque ça me plaisait pas mal, même si j’écoutais beaucoup plus volontiers The Police, les Beatles ou Pink Floyd, et même si j’étais aussi en train de découvrir The Cure, qui allait révolutionner mes goûts musicaux.
P. Lion (de son vrai nom Pietro Paolo Pelandi) fait partie des têtes de gondole de l’italo-disco que j’aimais bien (Xtof, pas taper!), mais uniquement pour son titre « Happy Children » et sa longue introduction à la boîte à rythme et aux synthé typiquement eighties.
Cet autre titre de P. Lion, « Dream » , je le trouvais beaucoup moins bon, mais il est bien plus connu pour une raison très simple: il a été pendant neuf ans le générique du TOP 50.
Là aussi, la mélodie jouée au synthé avec un seul doigt ne fendille pas même une seule patte à un canard, le chant est assez malhabile, le texte est indigent et semble droit issu d’un projet d’école de sixième…
Mais comme l’a chanté Gainsbourg au tout début de cette décennie 80, « La nostalgie camarade » .
La nostalgie.
Quarante ans, putain. Quarante ans…