Richard Hawley – « Seek it »

Pour mon premier partage musical de l’année 2025, j’ouvre le bal avec un artiste peu connu mais qui mérite de l’être bien davantage, notamment pour cette chanson d’une merveilleuse douceur.

Ancien guitariste de Pulp, Richard Hawley s’est lancé au tournant des années 2000 dans une carrière solo très fructueuse, qui l’a amené à sortir une dizaine d’albums. J’en possède la moitié, et je les trouve tous très bons, avec un mélange de lyrisme romantique et de classicisme rock impeccable (impeccable étant d’ailleurs un adjectif qui s’applique aussi très bien au look du natif de Sheffield, le plus souvent rasé de près et tiré à quatre épingles dans des costumes modernes et élégants).

J’ai partagé plusieurs morceaux de Richard Hawley dans ma première « année en musique », notamment deux issus du somptueux diamant sombre qu’est « Truelove’s gutter » (2009): « Open up your door », une ballade fiévreuse dans laquelle il invite une femme blessée par la vie à baisser la garde et à se laisser enfin émouvoir, et « For your lover give some time », une splendide déclaration d’amour d’un homme à une conjointe devenue trop distante, et avec laquelle il aspire à retrouver une connexion effilochée au fil du temps. Deux chansons si belles et si bouleversantes qu’elles me feraient tomber à genoux d’émotion et d’admiration.

En 2012, Richard Hawley sort un album, « Standing at the Sky’s Edge », qui l’éloigne un peu, sur certains titres en tous cas, de l’univers musical rock-folk des débuts de sa carrière solo.

La première moitié de ce disque, soigneusement produit, comprend en effet des chansons plus brillantes et plus psychédéliques que sur ses précédents albums, avec parfois des accents presque pinkfloydiens. Les guitares électriques s’imposent ici de façon beaucoup plus massive, presque brute de décoffrage. Si Hawley s’est fait une spécialité du mélange entre les instruments typiques du rock et les nappes de cordes voluptueuses, ici il modifie la balance: « J’ai voulu un album où la guitare est le personnage principal. »

Cela a pu surprendre et décevoir certains de ces fans de la première heure. Je me souviens qu’un jour où nous écoutions ce disque en voiture, l’ami qui m’a fait découvrir Richard Hawley, et qui l’adore peut-être encore plus que moi, a zappé un morceau pour passer à la plage suivante, avant de soupirer d’un air soulagé « Ah! Enfin de la musique!« 

Pour ma part, je ne suis pas aussi dérangé que toi, Elric, par le boucan subtilement agencé des premiers titres (la noisy pop de Ride me ravit totalement). Mais j’avoue que je préfère quand même la deuxième moitié de l’album, qui démarre justement avec « Seek it ».

Voilà une chanson qui, malgré la présence là aussi des guitares en arrière-fond, est d’un calme paisible et souverain. La voix, toujours aussi profonde et apaisante, magnifie une mélodie simple et imparable.

Le mot qui me vient en écoutant « Seek it » est douceur. Ou bien douceur. Et aussi douceur. La douceur de ceux qui ne se sentent pas obligés d’en faire des tonnes pour épater la galerie, qui n’ont pas besoin, pour être grands, forts et solides, d’essayer de l’être, ni même d’essayer de se convaincre qu’ils le sont: ils le sont, voilà tout. Et on peut se reposer sur eux, malgré les faiblesses et les vulnérabilités qu’ils ne craignent pas de laisser apparaître.

« Seek it » est une chanson posée là, comme une installation au milieu de la salle principale d’un musée, et qui impressionne par sa sérénité et sa tranquillité, ainsi que par l’audace de cette étonnante et renversante déclaration d’amour par laquelle elle s’ouvre: « I had a dream and you were in it / We got naked and / can’t remember what happened next / It was weird« .

Il y a aussi ces mots, qui disent si bien la douleur causée par le manque d’amour, et le désir ardent d’en sortir enfin parce qu’il n’a que trop duré: « In your heart lies long term loneliness / It’s like an unexploded hand grenade« .

Et enfin il y a ce refrain impérial qui, sous son air léger, dévoile une vérité éclatante: pour que l’amour survienne vraiment, peut-être faut-il arrêter de le chercher avec frénésie, et laisser les choses venir comme elles doivent venir, les yeux et le coeur ouverts, en étant prêt à se laisser surprendre.

« If you seek it, you won’t find

The lovers’ eyes so blinded by love,

blinded by love »

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