Joe Goddard est connu des clubbers depuis une vingtaine d’année en tant que membre, avec Alexis Taylor, du groupe Hot Chip, qui s’est fait une spécialité de l’hybridation entre la pop et la dance music. Il est aussi (ou il a été) un DJ, un remixeur, un producteur, et même un patron de label (Greco-Roman). Bref c’est un homme à la vie bien remplie, qui travaille sans doute beaucoup, mais qui offre cependant une musique toujours décontractée et joyeuse.
L’été dernier, Joe Goddard a sorti son troisième album solo, intitulé « Harmonics ». Ce disque a un peu déçu certains de ses fans: Les Inrockuptibles, par exemple, ont évoqué un mélange un peu trop « foutraque » de disco, de hip-hop, de breakbeat, de garage house, d’electro, de synthpop ou d’afro house. Mais de ce patchwork émerge au moins un vrai bijou: le premier titre de l’album, « Moments die ».
Pourtant le morceau démarre mal, avec une litanie de « Let moments die » prononcés à l’auto-tune, un machin que je déteste presque toujours. Mais au bout de quelques secondes, il décolle et déploie une électro-pop légère, florale et même effervescente – une invitation irrésistible au déhanchement.
Le morceau souffle aussi une brise légère de mélancolie (a « gentle breeze« ), d’abord grâce aux voix douces de la chanteuse Barrie et de Joe Goddard lui-même, et aussi parce que les paroles, qui me paraissent un peu énigmatiques, semblent évoquer une personne qui a du mal à attirer l’attention comme elle le voudrait, et qui en conçoit quelque pincement au cœur: « I’m gonna try to make you listen / Rolled my ankle and my eyes / Well that’s the story of my life« .
Si j’aime ce morceau, c’est précisément pour ce mélange subtil de douce euphorie et de mélancolie, celui-là même pour lequel j’ai toujours adoré « Everything but the girl ». Selon moi, « Moments die » n’atteint pas tout à fait les sommets du merveilleux « Missing » d’EBTG, mais c’est une chanson diablement et joliment efficace pour donner envie de danser, et c’est déjà beaucoup, surtout un samedi soir.
« I’m gonna start at the beginning »