Nick Cave – « Straight to you »

Voici l’une des ballades les plus incandescentes que je connaisse.

J’ai toujours aimé les chansons qui disent cette éternelle envie que l’amour puisse durer envers et contre tout, et même contre toute évidence, même quand il n’y a plus vraiment de raisons d’essayer de le maintenir en vie car en fait il est déjà moribond. L’une des principales caractéristiques du romantisme, assez masochiste il est vrai, c’est peut-être cette propension à refuser de regarder la réalité en face, cette envie invincible se réfugier dans des illusions doucereuses.

C’est ce romantisme enflammé que chante magnifiquement le grand Nick Cave, accompagné par des Bad Seeds habités. L’amour est mort, et ce n’est pas parce que c’est dit de façon poétique que c’est moins douloureux: « Now Heaven has denied us its kingdom / And the saints they’re all drunk howling at the moon / And the chariots of angels are colliding » .

Ce serait sans doute mieux d’essayer d’en prendre son parti et d’encaisser, tout douloureux que ce soit… Mais comme le disait avec subtilité le philosophe Clément Rosset, il n’y a « rien de plus fragile que la faculté humaine d’accepter la réalité » . Alors contre toute logique, la réaction la plus commune est de s’accrocher pour lutter contre le sentiment que le monde est en train de s’écrouler: « Well, I’ll run, babe, but I’ll come running / straight to you, for I am captured » .

Bien sûr on peut dire que Nick Cave brode paresseusement sur ce thème battu et rebattu de l’amour qui aimante et qui embastille le coeur. Mais il le fait avec tant d’ampleur et de passion que ça passe avec élégance, comme presque toujours avec lui.

« Straight to you, for I am captured

One more time »

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