Aujourd’hui je suis réuni avec mes collègues de l’Université de Lille pour valider nos futures maquettes de la licence et du master de science politique.
Dans ces formations, on apprend à porter un regard critique sur l’ordre politique et social des sociétés – et je précise un regard réellement critique, c’est-à-dire fondé sur la démarche scientifique et sur ses principes fondamentaux que sont le travail de vérification empirique, la validation par les pairs, la recherche de l’objectivité et donc le souci de penser d’abord contre soi-même et contre ses propres croyances.
Cette manière d’envisager le monde (la science) permet de visibiliser, ou d »objectiver » , des phénomènes tels que le changement climatique ou l’effondrement de la biodiversité (et plus largement le caractère intrinsèquement insoutenable du capitalisme sur le plan écologique), les inégalités entre les hommes et les femmes (et plus largement la domination patriarcale), les discriminations dont sont victimes les personnes « racisées » (et plus largement le racisme systémique des politiques publiques ou des médias), etc.
Tout cela n’est pas un ensemble de lubies woke, ce sont des faits scientifiques documentés, établis.

La vraie critique politique sociale, ce n’est pas le conspirationnisme (qui s’égosille contre des complots imaginaires, des chemtrails à la « plandémie 🙄): c’est le travail scientifique.
Mais ce travail est insupportable pour l’administration Trump et pour son idéologie libertarienne, suprémaciste et sexiste. Pour Trump et sa clique, la production de savoir est dangereuse. Vance a explicitement affirmé que l’université et que les professeurs sont « des ennemis » , qu’il faut donc mettre au pas, voire réduire au silence, au besoin par l’intimidation.
Et c’est ce que l’administration Trump fait depuis 6 semaines, avec une brutalité inouïe: suppression de données scientifiques sur les sites internet des institutions de recherche, licenciements de jeunes chercheurs et chercheuses, coupes budgétaires, interdiction de financement pour les recherches jugées « wokistes », interdiction d’utiliser sur les sites fédéraux des mots tels que « climat » , « inégalités » ou « genre » …
On assiste, éberlé, consterné, atterré, effrayé, à une nouvelle forme de maccarthysme, d’obscurantisme, de guerre contre la connaissance. Le régime trumpiste et ceux qui le soutiennent s’acharnent à faire taire la science, tout simplement parce qu’ils ne VEULENT pas voir le monde tel que la science le décrit (tel qu’il est).
Cette lutte contre la science, elle a aussi lieu chez nous, ici aussi la conjuration des imbéciles est déjà à l’oeuvre, simplement elle ne contrôle pas encore toutes les manettes – mais je n’ai aucun doute sur ce que l’extrême-droite tentera de faire ici aussi quand elle sera au pouvoir.
Alors aujourd’hui, c’est « Stand up for science » .