Depeche Mode – « Just can’t get enough »

Sorti en 1981, le premier album de Depeche Mode, « Speak and spell », est l’archétype de la synthpop très en vogue au tout début de la décennie : une boîte à rythme et des synthés, des synthés, des synthés (mais surtout pas de batterie, de guitares ni de basse).

Il s’est trouvé que mes premières expériences musicales « autonomes » , je veux dire en dehors des goûts de mes parents, m’ont conduit très loin de cette synthpop : quand j’ai quitté l’école primaire de mon village pour entrer au collège, en 1981 justement, mes nouveaux copains aimaient The Police, Madness, AC/DC, Renaud ou Téléphone, et par la suite je me suis ouvert aux Beatles, à Pink floyd, à The Cure, à Simple minds, à U2…

Ce n’est que sur le tard, lorsque j’ai rencontré un amateur de new wave qui est désormais mon ami de 35 ans, que j’ai découvert la synthpop, et je dois dire que ça ne m’a pas vraiment emballé – je me souviens par exemple lui avoir lâché, à propos d’un disque de Blancmange, que ça me faisait penser à « de la musique de foire » . Il faut dire que les synthés de l’époque, encore rudimentaires, s’apparentaient plutôt à des pianos numériques et ne permettaient pas facilement de produire des sons très subtils, seulement des rythmes saccadés, binaires, robotiques, parfois criards, le tout pour envoyer des mélodies souvent bien poussives jouées avec très peu de doigts, parfois même un seul suffit (soyez honnêtes, les fans de synthpop, est-ce que je caricature tant que ça? Si c’est votre avis, regardez donc les toutes premières secondes de ce clip 😉).

A priori, « Just can’t get enough » , c’est assez typiquement ce que je n’aime pas dans la synthpop. Mais je ne sais pas pourquoi (peut-être parce que ça a été un tube et que je l’ai forcément entendu plein de fois dans mon adolescence?), j’aime bien ce refrain irrésistiblement accrocheur, et surtout ce côté enjoué, optimiste et sautillant, cette énergie infatigable. Il paraît que quand il a entendu pour la première fois la version finale de la chanson, Vince Clarke, qui l’avait pourtant écrite et composée, a été tellement excité qu’il s’est mis à danser comme un dingue dans le studio, en incitant le reste du groupe et toute l’équipe de production à faire de même.

Je suis infiniment plus touché par ce que produira Depeche Mode par la suite, notamment par la musique introspective et sombre de « Violator » (quel chef d’oeuvre), par la merveilleuse « Sister of night » qui figure sur l’album « Ultra », ou par « Never let me down » , une formidable chanson sur le thème de l’amitié.

Mais une fois de temps en temps, c’est quand même bien sympa de s’envoyer une bonne rasade de douce euphorie avec « Just can’t get enough » .

« It’s getting hotter, it’s a burning love

and I just can’t seem to get enough of »

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