Pour ce dernier post consacré au jardin et diffusé sur Facebook, j’ai choisi quatre photos qui montrent ce que que représente pour moi le jardin : beaucoup de travail, de la beauté, des promesses, des récoltes, et de la biodiversité.
Le jardin, c’est d’abord beaucoup, beaucoup de travail. Trois heures ce matin, par exemple. Je me suis levé aux aurores pour arroser à partir de 6h30, à la fraîche, avant que le soleil de l’après-midi ne grille ou n’assèche le sol et les plantes. J’ai déplacé plus de 30 arrosoirs de 11 litres sur des dizaines de mètres. Ensuite j’ai fini de préparer le sol pour une troisième rangée de haricots, et j’ai semé les trois rangées (une de haricots « maïs » grimpants, et deux de haricots nains « Gloire de deuil » ).
Le jardin c’est aussi des promesses de récolte, qui bien souvent prennent la forme de fleurs dont la beauté, la subtilité et la diversité ne laissent pas de me surprendre – ici une fleur de kiwaï.
Quand j’ai de la chance, et grâce à mon contexte très favorable (un sol riche, et beaucoup d’eau à l’abreuvoir), le jardin c’est encore une profusion de récoltes. Heureusement, parce que je vous avoue que si je ne récoltais rien ou presque, je ne consacrerais pas toute cette énergie et tout ce temps, je ne me casserais pas les muscles et le dos à semer, désherber, repiquer, arroser, récolter, mettre en conserves…
Ce soir en tous cas, je sais que comme depuis 10 jours, je vais récolter au moins 1 kilo de fraises, comme celles-ci que je découvre en écartant le feuillage.


Ce printemps j’ai récolté au moins 5 kilos de baies de mai, les fraisiers sont étonnamment généreux, les cassis, les groseilles et les framboises arrivent, les myrtilles et les amélanches vont bientôt mûrir, les pêchers sont couverts de fruits, les pommiers aussi… Avec un peu de chance, j’aurai quelques cerises et quelques mirabelles, des nashis, et la deuxième tournée de framboises, et puis des pommes, peut-être mes premières poires… Les tomates ont l’air bien parties, quelques melons et pastèques aussi, j’ai déjà de beaux plants de pommes de terres, et encore quelques légumes de l’hiver (blettes, cardons…), et des légumes spontanés tels que l’arroche… Comme tous les ans, il me restera sans doute des tas de bocaux de l’année dernière quand les légumes de l’été arriveront en masse.
Abondance.
Et tout ça quasiment sans pétrole ni émissions de gaz à effet de serre : des outils, un peu de terreau et de graines, de l’huile de coude, et voilà
Le jardin c’est enfin, et je crois que c’est ce qui compte le plus pour moi, le retour de la biodiversité animale, comme ce lézard vert qui m’observe attentivement depuis sa cachette, la couleuvre verte et jaune qui bruisse dans les herbes folles, la poule d’eau qui semble-t-il a nidifié dans les iris d’eau autour de l’étang, les crapauds, le couple de faisans qui se cache dans les denses prairies et dont le mâle pousse fréquemment son cri rauque, la famille de perdrix qui avait passé la dernière belle saison autour de la maison, le couple de pic-verts, les papillons, les abeilles qui essaiment depuis leur cavité de la grange, le bourdonnement des pollinisateurs de toutes tailles…
Pour toutes ces raisons, le jardin c’est un petit morceau de résilience, pour moi et ma famille, mais aussi pour cette fragile planète. Je suis convaincu que le monde se porterait bien mieux si la plupart des gens s’occupaient d’un petit morceau de terre comme j’essaye de le faire, en le rendant plus productif, plus diversifié et plus joli.
Ah j’oubliais: le jardin c’est aussi un paysage, que je regarde souvent, ou que j’écoute plus ou moins distraitement, mais qui est pour moi un cocon agréable, notamment en cette période de l’année où je peux travailler sur la terrasse, à l’ombre, au son des oiseaux, des insectes et du léger bruissement du vent.
J’aime cet endroit, il est en train de devenir un petit paradis, et il n’y manque que de la compagnie.
« Si tu veux être heureux une heure, joue aux cartes avec tes amis, si tu veux être heureux un an, marie toi, et si tu veux être heureux toute ta vie, fais ton jardin » . Il paraît que c’est un proverbe chinois. Je ne sais pas, mais en tous cas j’aime bien