Les deux principales nations du football sud-américain, l’Argentine et le Brésil, ne se sont jamais affrontées en finale de la coupe du monde. Côté palmarès, le Brésil mène par 5 Coupes du monde à 2, et là-dessus le score est sans appel.
Mais pour ce qui est de posséder le plus grand joueur du monde, les choses sont moins nettes.
Les Brésiliens considèrent que c’est le roi Pelé, l’homme aux mille buts, celui qui personnifie le football même pour celles et ceux qui n’y connaissent rien (comme Fangio pour la course automobile).
Les Argentins, bien sûr, ont un autre avis, que je partage: Pelé est un immense joueur, c’est entendu, mais Diego Armando Maradona, le Pibe de oro, est pour eux une sorte de dieu.
– Pelé: « Dieu m’a envoyé sur Terre pour apprendre aux humains à jouer au football » .
– Maradona: « Non non, je n’ai envoyé personne. »
Ces deux joueurs, c’est un peu l’eau et le feu. Pelé était un homme lisse qui cultivait une image positive, il a été ministre au Brésil et il a reçu un ballon d’or d’honneur de la FIFA. Maradona était un bad boy dont la vie, les amitiés et les déclarations sentaient le soufre, et qui s’est toujours rebellé contre l’internationale du foot-business. Le premier possédait le talent et la classe, le second incarnait le génie et la créativité. Dans la vie je préfère les premières qualités, qui sont infiniment plus faciles à vivre. Mais en football et en art, c’est le génie qui me touche le plus.
En 2014, la Coupe du monde a été organisée au Brésil. L’occasion pour les supporters argentins de chanter partout, dans les stades, dans le métro, dans la rue, dans les aéroports ou dans les restaurants, ce chant qui exprime avec une ironie acide la rivalité entre ces deux pays, et dont le refrain est très clair: « Maradona es más grande que Pelé » .
C’est aussi mon avis, et j’adore le côté joyeux, festif et drôle qui se dégage de cette scène, alors si l’occasion m’était donnée, je chanterais de bon coeur cette chanson au milieu d’une troupe de supporters albiceleste.