Richard Hawley a été le guitariste de Pulp, un excellent groupe qui a connu un succès plus que d’estime au début des années 90. Avec cette voix de crooner chaude et suave, ça aurait été franchement dommage qu’il ne chante pas également. Tous ses albums sont d’une classe et d’une élégance rares, à commencer par celui-ci (« Truelove’s gutter ») , qui est un chef d’oeuvre. Les chansons coulent comme un long fleuve tranquille et paisible, donnant une impression de limpidité d’autant plus étonnante que Richard Hawley les a arrangées avec une foule d’instruments atypiques (le cristal Baschet, le waterphone, les ondes Martenot, la lyre…)
Impressionnante de gravité avec sa montée en puissance progressive (à partir de 2’49 ça devient étourdissant, et pour finir carrément incandescent, jusqu’à un final à faire frissonner une chaudière), « Open up your door » est une chanson qui parle de la rencontre, de la rencontre qui expose, qui bouscule et qui fait peur, peut-être parce qu’elle nous fait découvrir une part de soi-même qu’on ne connaît pas, ou dont on ne veut rien savoir, ou qu’on ne veut surtout pas dévoiler et laisser se déployer. Mais une fois qu’on l’a fait… « And my feelings aren’t so obscure » .
C’est une chanson qui invite à ouvrir sa porte, avec délicatesse et confiance (« And I’ve never been so sure« ). Pour quelques instants, ou bien peut-être, qui sait, pour très, très longtemps.
« Open up the door
I can’t hear your voice no more
I just want to make you smile
Maybe stay with you a while
Ooh open up your door
Cause we’ve time to give
And my feelings aren’t so obscure
Open up the door
Open up your door »