À mon avis, il est très rare qu’un texte de chanson « tienne » sans le concours de la mélodie, de l’orchestration et de l’interprétation. Bien souvent, je me dis que si on se contente de le lire sans cet échafaudage, c’est sympa et intéressant, mais un poil bancal et léger quand même.
Mais pour cette chanson, aucune réserve, je trouve le texte sublime, comme si souvent chez Dominique A, un artiste qui sait comme peu d’autres marier la gravité et la légèreté – ce qui est c’est parfaitement le cas ici.
Musicalement, il s’agit d’une chanson aérienne et spacieuse, comme la plupart des chansons de l’album « L’horizon » . J’aime particulièrement le subtil fade away final, d’où émergent peu à peu les seules guitares cristallines, qui semblent laisser un homme un peu désemparé, en tous cas seul avec lui-même.
Car ce dont parle cette chanson, c’est d’un homme qui, assis derrière une porte, attend une femme dont il ne sait pas si elle reviendra, en pensant que cette fois-ci, c’est à son tour de faire un pas vers lui. À moins que ce soit l’inverse ? (comme souvent, l’écriture de Dominique A manie l’ambiguïté avec subtilité)
Au delà de la simple description de ce qui se passe dans une relation amoureuse en crise, Dominique A propose une réflexion sur la difficulté à s’ouvrir, et peut-être plus encore à « rouvrir » lorsque la confiance entre deux personnes a été abîmée.
Baisser la garde, poser les armes et la cuirasse, s’ouvrir, laisser sortir ce qui est en soi, se laisser toucher et traverser par ce qui nous atteint et par ce qu’on nous offre… Plus les années passent, et plus je suis convaincu que c’est le but de la vie. En tous cas qu’une vie qu’on ne parvient pas à vivre ainsi, ce n’est pas vraiment une vie, c’est juste une maigre survivance.
« Toute ma vie,
je n’ai fait que rouvrir
des fenêtres et des portes claquées.
Ni poignées ni serrures ne m’ont fait reculer.
C’est étrange qu’aujourd’hui,
je me mette à faiblir
(…)
Jusqu’ici, je n’ai fait que rouvrir,
mais cette fois c’est sur toi que je compte ardemment.
Assise face à la porte, je t’attends.
Mais peut-être attends-tu que je vienne t’ouvrir ? »