Everything but the girl est un duo composé de deux personnes mariées à la ville (Tracey Horn et Ben Watts). Heureusement que leur mariage n’a pas tourné court, sans quoi on n’aurait jamais sans doute connu ce délicieux bonbon sucré! (au passage, ce titre est la preuve qu’il n’est pas nécessaire d’être malheureux en amour pour en parler de façon touchante et excitante)
Dans cette version efficacement remixée par Todd Terry, « Missing » est l’un des titres que je préfère pour danser, grâce à l’alliance parfaite entre une mélodie magnifique, un rythme entraînant à souhait, et une voix claire, ample et élégante (j’imagine que le chant des sirènes auquel Ulysse a eu du mal à résister devait diablement ressembler à la façon dont Tracey Horn chante ce « But I can’t move on / And I miss you » , à 2’09).
Avec cette complainte dansante, Everything but the girl réussit le tour de force d’être follement sexy ET classe. Tout pour donner envie de longues nuit de clubbing.
Il paraît que quand Tracey et Ben ont présenté ce morceau à leur maison de disques, on les a poliiment invités à le ranger dans leurs cartons. Un an plus tard, c’est sur un autre label qu’il est sorti, permettant à Everything but the girl de connaître son plus gros succès commercial. C’est un peu l’histoire du FC Metz refusant une place au centre de formation à un certain Michel Platini, sous prétexte qu’il était trop chétif, avant qu’il aille faire décoller la carrière que l’on sait chez le voisin nancéen. Dans les deux cas, il y en a qui ont du se faire taper sur les doigts.
Pour en revenir à la chanson, elle ne dit pas qui est cet autre qui manque: un amour de jeunesse ? un compagnon ou une compagne dont on a partagé la vie pendant de longues années ? un grand frère ou une grande sœur dans le sillage desquels on voudrait pouvoir encore se faufiler ?
La chanson ne dit pas non plus ce que cet autre est devenu: est-il mort, est-il parti poursuivre sa vie, a-t-il trouvé ailleurs un lieu ou un coeur plus accueillants ? Quoi qu’il en soit il manque, il manque, il manque, comme l’eau en plein désert – et ce manque n’est jamais aussi vif et douloureux que lorsqu’on revient dans les endroits qu’il a fréquentés, où il a laissé sa trace et où tout le rappelle à la mémoire.
J’aime aussi à penser que ce « And I miss you » pourrait aussi s’appliquer, peut-être même avec plus de force, dans ces cas où l’autre est simplement en train de se désinvestir de la relation – encore là physiquement, mais l’esprit déjà parti.
Quoi qu’il en soit, ce manque et cette tristesse n’empêchent pas d’avoir envie de danser, en pensant à cette personne, ou à une autre peut-être – ou en profitant simplement du plaisir de sentir son corps vivant.
« And now you’ve disappeared somewhere, like outer space
You’ve found some better place
And I miss you, like the deserts miss the rain »