Albin de la Simone – « Mes épaules »

J’ai déjà partagé le dernier titre de l’album « Un homme » d’Albin de la Simone, paru en 2013. Aujourd’hui voici morceau qui ouvre l’album, tout aussi magnifiquement.

« Un homme » (la chanson) décrivait les raisons de l’échec d’un couple (« J’étais un homme, et tu m’aimais » ) , évoquant allusivement et pudiquement une (ou des ?) infidélité(s).

Avec « Mes épaules » , on remonte plus loin en arrière, aux débuts d’une relation qui, peut-être, est la première à être vraiment plus sérieuse que les précédentes. Albin de la Simone se demande ici s’il a les épaules assez larges pour assumer les responsabilités qui lui sont tombées dessus depuis qu’il a quitté sa vie de célibataire (les travaux de la maison, la vie de couple, l’enfant qui est né de cet amour…). Alors même qu’il est engagé bien plus intensément que dans ses « vies premières » , alors même qu’il est maintenant sorti de ses « gravats de célibataire » , il met « notre futur en question » , et son introspection le fait frissonner: « Et si je n’en étais pas capable ? Et si je n’étais pas fait pour ça ? Et si je n’avais pas la carrure, et si je n’étais pas assez gaulé, pas assez balèze, pas assez baraqué pour être un aussi bon compagnon et un aussi bon papa que je voudrais l’être ? »

Est-ce un auto-portrait en anti-héros ? Aux dires d’Albin de la Simone lui-même, il y a de ça, mais pas que: « Il s’agit de l’homme que je suis, de celui que je crains d’être, de celui que j’aimerais être. De l’homme qu’a été mon père, aussi » . C’est pourquoi comme dans tout l’album, Albin apparaît tour à tour passionné, fuyant, distant, touchant, réservé, égoïste, généreux, fragile, infidèle, amoureux, rassurant… Comme nous tous, il est un kaléidoscope vivant qui s’anime au gré des événements, des rencontres ou des souvenirs, mais qui quoi qu’il en soit essaye d’être la meilleure version de lui-même, pour son propre bonheur et pour celui des siens, pour aujourd’hui et pour longtemps, pour le meilleur et pour le pire (« Si ça tient tu m’épouses » ).

Avec cette réflexion sur les affres et le désarroi que peuvent susciter le couple et la paternité, portée par une musique d’une grande subtilité (notamment grâce à quelques invités de luxe, comme JP Nataf à la guitare et le pianiste classique Alexandre Tharaud), Albin de la Simone offre encore un bijou de chanson, toujours aussi sensible et délicate.

« J’espère, c’est peu de le dire,

j’espère que tout ça va tenir

sur mes épaules, mes épaules, mes épaules

pas bien carrées

Mes épaules, mes épaules, mes épaules

pas bien gaulées, pas baraquées

Sur mes épaules, mes épaules, mes épaules,

mes épaules, mes épaules, mes épaules

pas bien gaulées, pas baraquées

Pas gagné…

Si ça tient, tu m’épouses »

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