Je ne sais pas vous, mais j’ai bien besoin de me défouler, alors pendant tout l’été, ma playlist quotidienne sera consacrée à la dance chaque samedi soir. Neuf samedis en juillet-août, donc neuf morceaux, et neuf occasions de se trémousser.
Et aujourd’hui ça commence par un titre assez étonnant, qui allie une musique joyeuse et dansante et un texte d’une grande désespérance. Le résultat n’a pas plu à tout le monde (le Time a classé cette chanson sixième parmi les pires chansons de 2016, et j’en connais quelques-un(e)s qui seront d’accord avec ce classement car ce n’est « pas leur came » – pas vrai Val ), mais personnellement il me ravit.
À l’origine, en 2015, la chanson originale de Mike Posner est un folk neurasthénique, avec une superbe mélodie et des paroles très désenchantées, qui racontent une histoire autobiographique: quelques années plus tôt, il a suivi à Ibiza un DJ star qui devait y donner un concert (Avicii), et à l’occasion d’une soirée fortement alcoolisée, il a accepté de prendre pour la première fois une pilule d’acide, pour passer pour quelqu’un de « cool » à ses yeux. Bilan: de l’euphorie et du bien-être sur le moment, mais ensuite une descente douloureuse et déprimante.
Cet épisode est une métaphore qui résume, selon Mike Posner, l’histoire de sa vie récente. « I took a pill in Ibiza » est une confession amère: il constate que depuis le succès de son premier tube « Cooler than me » , il a vécu une vie trépidante, faite de voyages, de sollicitations de fans, de dollars facilement gagnés et facilement claqués, de voitures de sport clinquantes et de montagnes russes émotionnelles… mais que le succès lui a fait perdre les pédales et l’a éloigné de son essentiel: son désir de se poser et de vivre un amour tout simple avec une personne normale.
Trois mois seulement après la sortie du single original, le duo norvégien SeeB l’a remixé en l’accélérant nettement et en le greffant sur des sonorités électro. C’est alors devenu un tube incroyablement dansant, dont j’adore d’autant plus le refrain instrumental qu’il me fait toujours penser à ma fille Aurore, son smartphone à la main et un sourire éclatant jusqu’aux oreilles.
Si je devais classer « I took a pill in Ibiza » dans un genre musical, j’appellerais bien ça de la « melancholic dance » (©). Que ce soit pour chanter ou pour danser, le plaisir est au rendez-vous – comme quoi il n’y a pas besoin de pilule à Ibiza pour s’éclater
« All that I know are sad songs, sad songs
Darling, all that I know are sad songs, sad songs »