Je n’ai qu’un seul album d’Edwyn Collins, que je ne connais pas plus que ça (je sais juste qu’il est écossais, qu’il a été membre du groupe Orange juice, et qu’il a galéré dix ans avant de sortir ce tube). Je l’avais acheté un peu par hasard, dans une braderie, parce que je me souvenais en avoir lu du bien quelques années auparavant dans les Inrocks.
L’album (« Gorgeous George » , 1994) contient quelques pépites, mais il ne m’a pas spécialement marqué – je crois me souvenir que sur le coup je l’ai trouvé sympa, sans plus.
Mais cette chanson, en revanche, a fait touché-coulé dès la première écoute.
C’est une chanson parfaite et qui s’impose comme une évidence. Des riffs de guitare toniques, un swing implacable qui invite irrésistiblement à se remuer le popotin, une mélodie joyeuse qui fait mouche, des petits coups de carillon candides, une voix chaude, à la fois forte et légèrement vacillante sur les fins de phrase… Musicalement et surtout vocalement, « A girl like you » évoque, en plus rythmé, les dandys et les crooners qui ont cherché à faire vivre ou à réactiver le rock’n roll (je pense notamment au Brian Ferry de « More than this » ). J’adore notamment l’ampleur que prend le morceau à 2’33, avec pour finir une succession de « You’ve come along!«
Et puis il y a le texte, déclaration d’amour passionnée pour une femme que l’on imagine (en tous cas que j’imagine) belle, sexy, gracieuse, forte, intelligente, courageuse, drôle… et qui pour toutes ces raisons non seulement n’est pas comme les autres, mais plane au-dessus de toutes les autres, souveraine. Le genre de femme qui colle un pain dans l’estomac, devant qui on rend les armes et à qui on a envie de sortir à brûle pourpoint un « I’ve never known a girl like you before » .
Edwyn Collins n’est pas un adepte des petits bonheurs quotidiens et banals (dans « Low expectations » il proclame « There must be something more than this, / more than ideal homes / or domestic bliss » ). Comme l’indiquent d’autres titres de ses chansons, il lui en faut davantage, plus d’enthousiasme, plus de vibrations, plus plus de frissons (« Keep On Burning » , « Make me feel » ). Son credo est exprimé au coeur de cette chanson: « I want more« ! (tiens tiens, encore une accointance avec le « More than this » de Brian Ferry ?)
Je dois dire que pour ma part, je suis moins attiré par la passion dévorante mais fugace que par l’amour serein et durable – et ce n’est pas qu’une question d’âge, j’ai toujours été comme ça. Mais cela ne m’empêche pas d’être absolument conquis par cette chanson sexy à souhait, qui me donne envie de me déhancher sur un rythme chaloupé (comme les silhouettes féminines qui apparaissent dans le clip, en troublantes ombres chinoises), les yeux plongés dans ceux de la femme que j’aime.
« You give me just a taste so I want more
Now my hands are bleeding and my knees are raw
’cause now you got me crawling, crawling on the floor
And I’ve never known a girl like you before »