Françoise Hardy – « Message personnel »

Aux débuts de sa carrière, dans les années 60, Françoise Hardy est tout de suite apparue comme un sex-symbol troublant, d’une beauté sublime, éclatante mais un peu triste et anxieuse. Son rayonnement venait de l’intérieur, et c’est pourquoi elle a été une femme puissamment désirable à 20 ans, et à 30, et à 40, et encore à 50 (le clip l’atteste d’ailleurs, qui utilise des extraits de passages télévisés à différentes époques).

Je fonds devant ce regard mystérieux, à la fois intense et las, qui s’efforce de projeter des étincelles de fierté (il faut bien se protéger en maintenant un minimum de distance), mais qui transpire la fragilité et la mélancolie.

Cette chanson lui ressemble totalement: pleine de retenue, de pudeur et de timidité, et néanmoins d’une sensualité enfiévrée. La surface semble en repos, mais en dessous c’est un magma bouillonnant. Au début c’est la timidité qui prend le dessus (c’est à « vous » que Françoise Hardy s’adresse, avec une litanie de « J’ai peur » , car « Je veux, je ne peux pas » …). Puis elle prend son courage à deux mains et elle crie son amour et sa détresse à ce « tu » qui lui manque… mais le « vous » réapparaît, presque malgré elle (« Je ne peux pas vous dire que je t’aime peut-être » ). C’est une chanson très émouvante sur la difficulté à communiquer et à se dévoiler, sur la vulnérabilité suscitée par une relation amoureuse naissante.

La partie chantée, écrite par Michel Berger, avec notamment ce refrain archi-connu, est joliment mélodique et romantique (« Mais si tu crois un jour que tu m’aimes… » ). Mais je préfère mille fois la longue intro parlée, écrite par Françoise Hardy elle-même… L’intensité et le courage frémissant avec lesquels ces mots jaillissent et se bousculent me laissent scotché.

Est-ce possible d’entendre cette chanson, chantée par une femme aussi splendide, sans revenir vers elle en courant « à perdre haleine » ? En tous cas ça doit être bien difficile de résister à ce chant de sirène là.

« Et il y a les mots que je ne dirai pas,

tous ces mots qui font peur quand ils ne font pas rire,

qui sont dans trop de films, de chansons et de livres

Je voudrais vous les dire

et je voudrais les vivre

Je ne le ferai pas,

je veux, je ne peux pas.

Je suis seule à crever, et je sais où vous êtes

J’arrive, attendez-moi, nous allons nous connaître

Préparez votre temps, pour vous j’ai tout le mien

(…)

J’ai peur que tu sois sourd

J’ai peur que tu sois lâche

J’ai peur d’être indiscrète

Je ne peux pas vous dire que je t’aime peut-être »

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