Après ceux chantés par Jacques Brel hier, c’est encore un coeur tendre que je mets à l’honneur ce soir, celui de PJ Harvey.
Cette entrée en matière pourrait surprendre, car celle que l’on surnomme parfois « la patronne du rock indé » est plutôt connue pour sa façon d’exprimer sa sensibilité exacerbée par des morceaux énergiques et nerveux, parfois carrément décharnés (notamment sur son premier album « Dry ») , ou splendidement dépouillés (sur l’album « White chalk », mon préféré), avec comme point commun la fierté: PJ est une écorchée vive, mais elle met un point d’honneur à chanter la tête haute et le regard farouche, d’une voix franche et décidée.
Ici invitée sur l’album « L’argot du bruit » par le pianiste et compositeur catalan Pascal Comelade, (pas très) connu pour sa musique qui ressemble à un bric-à-brac, elle montre une facette toute autre de sa personnalité: elle dépose l’armure et elle soupire avec amertume pour confesser sa vulnérabilité cachée, sa trop grande facilité à tomber amoureuse, et les douleurs qui en découlent.
Soutenue par un synthé et par quelques notes délicates d’un xylophone enfantin, puis par un piano, un accordéon et un saxophone soprano qui se font discrets et respectueux, comme s’ils étaient soucieux de ne pas profaner cette mise à nu, la voix de PJ exprime toutes les émotions que peut générer ce constat désolé: lassitude, détresse, colère… À 2’10 elle se fait plaintive, à 3’14 elle laisse tomber quelques mots parlés avec une tristesse insondable, avant de s’envoler à nouveau pour un dernier refrain…
Le texte, très simple, est tout aussi et poignant. PJ semble y adresser une prière: si seulement je pouvais ne plus être ce coeur d’artichaut qui s’abandonne trop facilement, et qui souffre si violemment lorsqu’il se rend compte qu’il s’est enflammé trop vite…
« I have loved
in my life
as a child
I often cried
And love too soon,
can fade away,
love too soon
can fail away »