Le travail qui se cache derrière les #Feelgoodposts sur les récoltes au jardin

Voici quelques photos pour essayer de donner une idée de la masse de boulot qu’il faut avant de pouvoir ensuite sortir des #feelgoodpost sur les tomates, les petits pois, les fraises ou les framboises.

Sur la première photo, ci-dessous, c’est le terrain quand je suis arrivé fin 2016. Tout autour de la maison, il y avait une pelouse tondue à ras au moins une fois par semaine, et pas un seul végétal comestible (oui, pas un seul).

L’ancien propriétaire gérait le terrain autour de la maison en grande partie avec sa sa tondeuse autoportée. Résultat: sur cette zone il n’y avait pas un papillon, quasiment pas un oiseau, bien entendu pas un batracien – quelques lézards sur les murs et c’était à peu près tout.

J’imagine à quoi ce terrain aurait ressemblé pendant un été de sécheresse: à de la terre battue vaguement couverte de pousses jaunâtres et malingres.

La photo ci dessous, prise dans mon jardin l’année dernière, décrit ce à quoi je voudrais que la zone dont je me suis occupé depuis une semaine ressemble bientôt: un mélange de végétaux comestibles, de petits fruits et de fleurs, qui accueille une biodiversité riche. Je constate que tout autour de la maison, les oiseaux sont de plus en plus nombreux et divers, que les papillons sont partout, et j’ai déjà vu dans mon potager des lézards verts, des crapauds, et même un levraut! Sur cette seule photo, on peut distinguer des tomates, des salades, du maïs, des courgettes, du lupin, des carottes, du chou milan, de la bourrache, des épinards, des haricots, un cardon, du chou mizuna… et sans doute des choses que je n’arrive pas à repérer (de l’aneth? du persil? du basilic?)

Et en dessous, les 3 photos illustrent le boulot.

Ça m’a pris une semaine, à raison de plus de 4 heures par jour (2 le matin et 2 en toute fin d’après-midi, à la fraîche).

J’ai tout fait à la force de mes grands bras pas musclés (un peu de grelinette, la pioche et la pelle).

Pourquoi ça m’a pris tout ce temps, et pourquoi ne pas avoir utilisé un outil mécanique de type motoculteur?

Parce qu’à cet endroit précis du jardin, un ancien proprétaire m’a laissé une pilule empoisonnée très dure à avaler (qu’il soit maudit et que ses descendants jusqu’à la 7ème génération soient condamnés à écouter toute la journée au casque un pot-pourri de Kendji Girac, Zaz et Grégoire, jusqu’à ce que delirium tremens s’en suive).

Quand la maison a été agrandie il y a quelques décennies, tout ce qui aurait du être envoyé à la déchetterie a été tranquillement écarté sur cette zone du jardin et recouvert de 3-4 cm de terre. Il y avait donc, sous le sol, une couche épaisse de cailloux de poids et de volumes variés (jusque 20 kg au moins), des gravats, des débris de tuiles en argile, un peu de morceaux de maçonnerie, et même des éclats de verre ou d’assiettes, des clous rouillés, etc.

Bien entendu, rien d’intéressant ne peut pousser là dessus, et c’est pour ça que je me suis lancé dans ce travail de romain pour créer une nouvelle zone de potager, juste à côté de la maison, visible depuis les terrasses, et facile à arroser dès lors que j’aurai installé une ou plusieurs cuves de récupération d’eau au pied de la maison.

Mais étant donné le merdier qu’il y avait en dessous (et dont cette photo donne un exemple: environ 2 m³ de caillasse, et encore il n’y a ici que les deux tiers de ce que j’ai retiré), il fallait un travail à la main pour que le tri soit minutieux.

Et une fois que j’ai retiré toutes ces cochonneries, j’ai pioché pour ameublir le tuf sur une dizaine de cm, afin que les racines puissent plus facilement s’enfoncer et que cette zone puisse stocker plus de matière organique et d’eau en profondeur.

Au final je me retrouve avec environ 40 m² de plus à jardiner (sur la dernière photo, ce sont les zones sombres, sachant qu’il y en a une qu’on ne voit pas, en haut à droite, plus large que celle de gauche)

Les 2 dernières photos illustrent différentes étapes du chantier:

– la zone après défrichage à la grelinette, passage à la pioche et égalisage du terrain (les mottes sont rangées sur le bord)

– la zone telle qu’elle est aujourd’hui, après l’émiettage des mottes et un apport très conséquent de compost issu d’un fumier de brebis (que j’ai moi-même transporté avec 10 voyages de brouette depuis la zone de compostage).

Bon, inutile de vous dire qu’après tout ça, je suis un tantinet fatigué.

Heureusement, ce travail est fait une fois pour toutes: les années prochaines, je passe en maraîchage sur sol vivant sur ces parcelles, qui sont maintenant nickel.

En attendant, cette année il reste encore trois étapes ces jours prochains: mélanger superficiellement la terre et le compost, installer des plants à repiquer (pour cette année, ce sera des choux et des fraisiers), et pailler généreusement.

Et après, REPOS!

Cela dit, repos… Il faudra encore arroser un peu (si la sécheresse dure), peut-être désherber…

Et en tous cas il faudra récolter, cuisiner, conserver s’il y a des surplus (j’espère bien).

Par ailleurs je rappelle que si tout ce travail me permet d’atteindre une assez large autonomie en légumes et petits fruits (donc en vitamines et en minéraux), il ne me fournit sans doute même pas 10% des calories alimentaires que je mange sur une année!

Bref, le bilan de cette semaine de travail c’est:

1) de la fierté, car je me suis quand même sacrément mobilisé, mais…

2) une certaine lassitude devant le caractère démesuré du travail pour un seul homme, et…

3) une grande inquiétude quant au fait que nous sommes trèèèèèèèès peu nombreux à avoir bien conscience de ce qu’impliquerait concrètement, dans nos vies quotidiennes, la volonté de produire une part significative de son alimentation. Et pourtant ce sera très bientôt une nécessité.

#jesuisauboutdemavie

#pasbesoindabonnementàlasalledegym

#jauraisbesoindunejolienanapourmemasserledospliiiiize

#yapasunbonmatchalateleparhasard

#maintenantvivementquilpleuve

#jecroispasqueceshashtagsvontdevenirviraux

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