Tout au long de sa carrière, le dessinateur argentin Mordillo a dessiné de façon récurrente des personnages muets, isolés dans de grands espaces urbains ou naturels (des grandes tours, des labyrinthes, des terrains de sport, des montagnes, la jungle…).
Son style rappelle celui de Sempé ou de Folon, mais avec un dessin très différent, beaucoup plus rond et naïf. L’humour et la poésie sont toujours présents, mais il partage aussi un sens de l’absurde, voire une certaine angoisse devant le grand vide et le manque de sens de l’existence humaine.
En bon argentin, Mordillo a toujours eu une passion pour le fútbol. Il a tellement dessiné sur ce sujet que l’un de ses recueils s’appellent sobrement « Football » . On y trouve beaucoup de dessins de grand format ou de petits comics tendres et amusants, qui mettent en scène des personnages de toutes sortes en en train de taper dans un ballon (des enfants, des joueurs professionnels, des photographes, des explorateurs perdus en pleine jungle, et même des animaux). Mordillo aimait raconter avec ses crayons que la séduction du football est telle que tout le monde ou presque n’a de cesse de jouer n’importe où, même dans les endroits les plus improbables (au sommet d’une falaise, dans des marécages…), et même en jouant avec les règles du jeu de façon totalement fantaisiste.
Un ou deux dessins seuls ne rendent pas justice de l’émotion qui se dégage de ce recueil, que je vous conseille vivement.