The Doors – « The end »

Avec le fantastique « Riders on the storm » , « The end » est l’une des rares chansons des Doors que j’adore vraiment, qui provoque en moi le « sweet delight » évoqué à plusieurs reprises par le texte.

C’est aussi l’un des morceaux sur lesquels le stupéfiant charisme de Jim Morrison éclate de la façon la plus saisissante, même dans la version en studio.

Ce n’est pas un chanteur, c’est un chamane psychédélique, excessif, excentrique, instable, borderline, qui lors des sessions d’enregistrement ne se souvenait même plus de ce qu’il y avait fait la veille tellement il était défoncé.

Ce n’est pas une chanson, c’est une transe hypnotique et transcendantale de plus de six minutes, écrite, composée, jouée et chantée sous l’emprise de l’acide ou du peyotl, et enregistrée dans une ambiance de bougies et d’encens.

Ce ne sont pas des instruments de musique, ce sont des objets rituels (le son de guitare est étonnamment proche du sitar de Ravi Shankar).

Cet ensemble barré établit une connexion directe avec l’inconscient: Jim Morrison, qui quelques semaines avant la session d’enregistrement avait improvisé en concert des paroles explicitement oedipiennes (« Father? Yes, son? I wanna kill you / Mother… I want to… / Fuck you, mama, all night long » ), invite ici à plonger dans ses propres ténèbres et à affronter en face ses démons intérieurs, pour les étrangler, ou pour les vomir.

Au milieu de la chanson, le silence qui s’installe est peu à peu recouvert et déchiré par des chants d’oiseaux, des sons stridents et vibrionnants, des cris et un mur de notes désordonnées, et à nouveau le silence – une atmosphère assez angoissante…

Tout cela a tellement frappé Francis Ford Coppola qu’il a choisi « The end » comme bande son de la première scène de « Apocalypse now » (une scène de bombardement au Napalm de la jungle vietnamienne).

Quelques décennies plus tard, la chanson serait tout aussi parfaite pour accompagner la scène finale du grand film sur l’effondrement qu’il reste à tourner. Ou pour un divorce…

« Realms of bliss, realms of light

Some are born to sweet delight »

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