The Alan Parsons project – « Sirius »

Après avoir passé le très sélectif concours de l’INSEP, ma maman a été pendant toute sa carrière professeure de danse à l’Université de Grenoble (danse moderne et modern jazz).

Comme ses cours avaient lieu le plus souvent en fin d’après-midi et en début de soirée, je l’ai souvent vue préparer ses cours à la maison le mercredi. Elle mettait un disque et je la voyais répéter ses chorégraphies durant des heures, en revenant à intervalles réguliers à la platine pour remettre le passage sur lequel elle travaillait, parfois plusieurs dizaines de fois.

Parmi les albums qu’elle utilisait souvent, il y avait par exemple « The Man-machine » de Kraftwerk, « Moonlight shadow » de Mike Olfield, plusieurs disques de Pink Floyd… et « Eye in the sky » de The Alan Parsons project. C’est cet album-là qui m’a le plus marqué, peut-être du fait de sa pochette hiéroglyphique (?), mais aussi parce que j’aimais bien les deux morceaux qu’elle utilisait: cet instrumental « Sirius » , et la chanson titre de l’album qui s’enchaînait juste derrière.

Quand j’écoute aujourd’hui « Sirius » , cette odyssée moderne aux cordes amples, scandée par des slides de guitare électrique qui résonnent plusieurs secondes à chaque fois, il me revient instantanément le souvenir de ma maman poussant les meubles et arpentant le salon en scandant avec énergie des « Un, deux, trois, quatre et cinq et six et sept et huit » , en tournoyant sur elle-même, en faisant des grands moulinets de ses bras, en se grandissant sur ses pointes de pieds… Je suppose que je devais parfois la regarder avec un air assez intrigué. Et quelques décennies plus tard, écouter ce court morceau (même pas deux minutes) me replonge avec mélancolie dans les ambiances de l’enfance.

Ma maman a 80 ans aujourd’hui.

Bon anniversaire maman. Je t’aime.

[Il y a une autre chose que j’ai envie de dire à propos de « Sirius » : à l’époque où la plus grande équipe de basket-ball de NBA était les Chicago Bulls, emmenée par Michael Jordan (à mon avis « the GOAT » ), le club a pris l’habitude de diffuser « Sirius » à chaque match, au moment de l’entrée des joueurs sur le terrain. Certains fans ont même pris l’habitude d’appeler ce titre le « Chicago Bulls theme » .

Le choix de ce morceau pour accompagner les joueurs dans l’antre du United Center ne doit évidemment rien au hasard. Star incontestée de l’équipe et de toute la NBA, Michael Jordan était surnommé « Air Jordan » pour sa faculté d’impulsion prodigieuse, l’impression qu’il donnait de planer littéralement au dessus des autres joueurs lorsqu’il terminait un drive en direction du panier: les autres, adversaires comme partenaires, étaient déjà en train de redescendre, attirés par la pesanteur, alors que lui continuait encore à s’élever, la balle orange délicatement posée dans la paume de sa main.

C’est peu l’impression que me donne ce morceau « planant », comme on dit si bien…]

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