Pendant les premières années de sa carrière, Juliette Armanet a eu un joli succès d’estime, assez typique des artistes appréciés et promus par France-Inter.
Sa notoriété décolle en 2018 lorsqu’elle remporte la Victoire de la musique dans la catégorie « Album révélation de l’année » , pour son premier opus « Petit amie ». Quant au deuxième album, « Brûler le feu » , sur lequel figure « Le dernier jour du disco », il a été certifié double disque de platine en France.
Mais il a fallu attendre la fin de l’été 2023 pour que Juliette Armanet connaisse son heure de gloire. Invitée sur un média belge, elle s’est laissée aller à descendre en flammes « Les lacs du Connemara » de Michel Sardou, en disant que c’est une chanson « de droite » , avec un « côté scout, sectaire » , une chanson dont « la musique est immonde » , où « rien ne va » , qui la « dégoûte profondément » , et qui est pour elle une sirène d’alarme indiquant qu’il est l’heure de se barrer d’une soirée.
Évidemment, il s’en est suivi un buzz intense et une polémique assez virulente.
Moi non plus je n’aime pas « Les lacs du Connemara » , mais force est de constater que c’est une chanson populaire, qui fait danser des gens de tous âges et de tous milieux sociaux (pour les 20 ans de Dorian, j’ai vu l’intégralité des invités former sur ma terrasse une ronde qui a mis tout le monde en joie). Alors j’ai trouvé que cette déclaration de Juliette Armanet sent quand même un peu le mépris de classe des milieux arty à l’égard des Bidochon de la musique, et je dois dire que ça m’agace assez.
Par ailleurs le disco n’a jamais été ma tasse de thé, c’est le moins que je puisse dire – parmi mes sirènes d’alarme à moi, il y a par exemple « YMCA » ou « Daddy cool » .
Donc si je résume, je ne suis fan ni du disco, ni du peu que je connais de Juliette Armanet…
Et pourtant j’adore littéralement cette chanson.
« Le dernier jour du disco » démarre comme un piano-voix éthéré et se transforme soudain, à 0’52, en une cavalcade extrêmement dansante. Juliette Armanet a décrit ce morceau comme « un aller-retour entre l’ombre et la lumière » , avec une touche mélancolique dans les couplets, qui évoquent la fin d’un amour (la chanson commence et se conclut brutalement par « C’est la fin » , et elle évoque « le soleil au lointain / (qui) s’écroule seul dans son coin » ), mais aussi un côté solaire dans le refrain, qui clame une envie de plaisir, de joie et d’insouciance, et qui affirme avec panache que cet amour restera vivant et vibrant. Elle y voit « une chanson funambule » .
« Ne me lâche pas » , chante Juliette Armanet à cinq reprises dans « Le dernier jour du disco » , et c’est un ordre auquel je cède avec délice et empressement.
D’abord parce que je trouve très plaisant de me laisser happer par ce morceau très catchy et dansant (surtout un samedi soir). Je ne suis pas le seul, puisqu’il est devenu un véritable tube, « une vraie chanson populaire » , comme la chanteuse s’en réjouit elle-même. Au point d’avoir un jour le même succès que « Les lacs du Connemara » ? De la marge encore quand même il y a, jeune padawan.
Mais si j’obéis à cet ordre, c’est aussi et surtout parce qu’il me fait penser à la femme que j’aime. Mon coeur, tu n’as qu’à me demander « Ne me lâche pas la main » , et je te répondrai « Ne me lâche pas, je te tiens » .
« Le dernier jour du disco,
je veux le passer sur ta peau,
à rougir
comme un coquelicot »