Erik Satie – « Sarabande #3 » (Jean-Joël Barbier)

« Esoterik Satie » , comme l’a surnommé Alphonse Allais, n’est pas forcément un compositeur apprécié des mélomanes académiques.

Dans ses jeunes années, il a été renvoyé du conservatoire d’Honfleur car ses professeurs estimaient qu’il n’était pas assez doué, et ce mépris l’a poursuivi toute sa vie. Dans beaucoup de ses œuvres, il a délibérément bravé de nombreuses règles de la musique classique, entretenant ainsi une posture de rebelle qui lui plaisait, mais qu’à la longue il a aussi vécu comme très pesante.

Les titres de ses morceaux et les indications qu’Erik Satie apposait sur les partitions, souvent saugrenus voire totalement barrés (« Trois morceaux en forme de poire », « Véritables préludes flasques (pour un chien) » , « Les trois valses distinguées du précieux dégoûté » …), ne sont pas non plus forcément du goût des critiques compassés – de même que sa personnalité misanthrope et pour le moins excentrique.

Il faut dire aussi que Satie vivait dans une certaine misère, à tel point qu’il a été obligé, pour faire bouillir la marmite, de jouer dans des cabarets et de composer des mélodies frivoles, qu’il appelait lui-même des « rudes saloperies » .

Mais plus fondamentalement, ce qui déplaît à certains mélomanes dans la musique d’Erik Satie, c’est qu’elle soit déroutante, bizarre et surtout naïve. Il a toujours mis un point d’honneur à ne composer que de la musique « qui lui plaît, qui sort de son cœur, sans s’embarrasser des règles scolaires que l’on ingurgite dans les lieux officiels de l’enseignement musical » (Christophe Frionnet, « Le courage de l’enfance » ).

Le résultat de tout cela est qu’on voue à Erik Satie une affection complice et émue, ou bien on le dédaigne.

Parce que j’aime la musique qui m’emporte par la limpidité de ses mélodies, et parce que je suis touché par la façon dont l’art peut mettre en valeur les caractéristiques de l’enfance (la simplicité, la spontanéité, la liberté, l’expérimentation, la drôlerie, l’inscription dans le présent…), je suis dans le camp des amoureux d’Erik Satie.

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