Sorti en 2002, « L’imprudence » est un disque d’une immense puissance créative, ce qui en fait mon préféré d’Alain Bashung.
Premier morceau de l’album, « Tel » est l’un des plus audacieux. Les sonorités sont lentes et sensuelles, extrêmement raffinées et complexes: les cordes sont très présentes, mais les arrangements sont parsemés de brefs enregistrements qui sont assemblés à l’informatique – des notes de guitare, des bruits d’ambiance, des sons étranges (par exemple les surprenants grincements descendants à 2’21)…
Le texte, énigmatique, invite à l’introspection (« Dans quoi tu te mires / Dans quel étang« ), et fait très rare chez Bashung, il cède au name-dropping, mais dans une version éminemment cultivée (Attila, Othello, Machiavel, Abel Gance, Guillaume Tell). Bashung récite ce texte plus qu’il ne les chante, lui donnant une allure encore plus de grave et crépusculaire.
« Tel » est un morceau qui claque à la fois comme une profession de foi, comme un défi à l’industrie de la musique et comme un éloge du lâcher-prise et de la prise de risque: « À l’avenir / laisse venir / Laisse le vent du soir décider«
Libérons-nous, et voyons voir ce que ça donne.
« Devant l’obstacle,
tu verras,
on se révèle »