Il y a dans cette chanson des aspects que je trouve assez agaçants: la voix poussive et nasillarde du premier chanteur, le texte qui commente l’actualité de façon facile avec une profusion de namedropping… Et puis musicalement, ce reggae acoustique et babacool n’est pas vraiment ma tasse de thé.
Pourtant cette chanson m’a toujours beaucoup ému pour ses refrains, qui disent très simplement, tout naïvement et innocemment, l’envie de vivre une vie de famille tranquille et heureuse, d’en faire un refuge, une bulle de tendresse et de sécurité, en dépit de tout ce qu’il y a de menaçant, d’effrayant et de désespérant dans l’actualité, et contre lequel on ne peut malheureusement pas grand chose. Le bonheur comme un petit matin plutôt que comme un grand soir.
J’aime déjà les quatre premiers vers du refrain (« Toi et moi, / dans tout ça, / on n’apparaît pas / On se contente d’être là / On s’aime et puis voilà » ). Mais je suis touché au plus haut point par les suivants, parce qu’ils m’évoquent les moments qui ont été les plus heureux de ma vie (le temps que nous avons passé avec nos enfants), et parce qu’ils me percent le coeur en me rappelant ce temps qui est à jamais révolu. Et aussi, depuis quelques temps, parce qu’ils me donnent envie de revivre quelque chose qui y ressemble avec les enfants d’une autre, en plus des miens. Deux châtaignes qui roulent dans la poche d’un manteau, plus deux qui font quatre, plus quatre qui font six…
« Toi et moi,
dans le temps,
au milieu de nos enfants
Plus personne, plus de gens
On s’aime… »