The Clash – « Should I stay or should I go »

Cette chanson est probablement la plus connue des Clash, celle dont tout le monde peut fredonner le refrain, celle sur laquelle (à peu près) tout le monde s’est trémoussé le popotin dans une soirée (peut-être même celle du Nouvel an), en profitant du frisson de s’encanailler sur des rythmes punk, des riffs de guitare et des breaks de batterie nerveux. « Should I stay or should I go » est en tous cas la seule chanson du groupe londonien à avoir atteint la première place des charts en Grande-Bretagne… mais c’était seulement dix ans après sa sortie en 1981 sur l’album « Combat rock », seulement après qu’elle a été utilisée dans une publicité pour les jeans Levi’s. À quoi tient un tube, quand même…

« Shoud I stay or should I go » est aussi l’une des assez rares chansons dans lesquelles The Clash parle d’amour, en l’occurrence d’une histoire d’amour difficile et chaotique, celle du guitariste et chanteur Mick Jones avec sa petite amie Ellen Foley. Les paroles évoquent les montagnes russes d’un couple instable qui n’arrive pas à trouver le repos (« One day it’s fine and next it’s black« ; « If I go, there will be trouble / And if I stay, it will be double« ), et dont les deux protagonistes hésitent régulièrement entre essayer de recoller les morceaux ou jeter l’éponge.

Comme le disait Pierre Desproges, la vie n’est qu’une suite de réponses à cette éternelle interrogation: que choisir? « Fromage ou dessert? la bourse ou la vie? la cigale ou la fourmi? le sabre ou le goupillon ? la gauche ou Mitterrand?« 

Les Clash ajoutent une question à cette longue liste: est-ce que je reste ou est-ce que je pars?

Bien sûr, cette question peut se poser dans une foule de contextes différents: est-ce que je garde mon emploi ou est-ce que je démissionne? Est-ce que je vends cette maison ou est-ce que je m’y ancre? Est-ce que je m’accroche à la présidence de cette association ou est-ce que je passe la main? Est-ce que je « bifurque » ou est-ce que je reste dans cette vie atone et vide de sens mais rassurante?

Mais bien sûr aussi, c’est dans le couple que cette question génère les affres les plus grandes, parce qu’ici, franchir le pas nous engage davantage que partout ailleurs sur le plan émotionnel, parce que ça nous engage dans toutes les dimensions de notre vie, parce que les enjeux sont immenses… et surtout, surtout, parce que ça nous confronte à de multiples peurs qui nous tétanisent: la peur de la solitude, la peur de l’abandon, la peur du conflit, la peur des représailles, la peur de moins voir ses enfants en cas de garde alternée, la peur d’une forme de précarité ou même de dénuement… La peur de l’inconnu, tout simplement.

Avec ce genre de question en tête, on peut alors passer des mois à hésiter sans bien se rendre compte qu’on est en train de se dévitaliser à force d’attendre – comme l’âne de Buridan qui, à force de regarder les deux sacs d’avoine placés à égale distance de lui sans savoir décider par lequel il va commencer, finit par mourir de faim.

« Shloud I stay or should I go? » Maintenant que je suis tout en haut du plongeoir, est-ce que je prends le risque de sauter, ou est-ce que je redescends par l’échelle? Quand plus rien d’autre ne pousse à rester que la peur de partir, je crois que « la question elle est vite répondue ».

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *