Morrissey – « There’s a place in hell for me and my friends »

Voilà une chanson d’une sincérité rare, et d’autant plus poignante. Comme souvent chez Morrissey, elle est très courte (1’52), mais d’une puissance émotionnelle inversement proportionnelle au nombre de mots et de notes.

« There’s a place in hell for me and my friends » est issue d’un album qui n’a pas bien marché sur le plan commercial (« Kill uncle »), et qui a déconcerté les critiques et les fans des Smiths, que Morrissey avait quitté trois ans plus tôt: les textes restent intimistes, mais le son lorgne (assez bizarrement) vers le rockabilly.

Je n’ai jamais écouté l’album en entier, mais en revanche j’ai beaucoup fait tourner cette chanson depuis que je l’ai découverte dans cette version très ralentie (à mon avis bien meilleure que dans la version de l’album). Dans les premières mesures, c’est un piano-voix tout juste agrémenté d’un petit carillon intermittent, et puis interviennent petit à petit des claviers, et pour finir une batterie qui paraît n’être là que pour inviter tout le monde à prendre congé, car vingt secondes après son entrée en scène, le morceau est déjà fini.

« There’s a place in hell for me and my friends » est la chanson d’un jeune homme qui se retourne sur sa courte vie, peut-être à la fin d’une soirée déprimante de plus, et qui y discerne déjà tant d’erreurs et de fautes, de sa part et de la part des amis qu’il s’est choisis, qu’il n’entrevoit pas la possibilité de trouver le bonheur, ni dans cette vie, ni dans la suivante si elle existe: lui et sa bande sont déjà promis à l’enfer. « There is a place / a place in hell / reserved for me and my friends« , cela claquerait bien, tristement, mais fortement, sur une épitaphe…

Face à ce constat pourtant effrayant, ce jeune homme ne se révolte pas, mais il se contente de libérer les sanglots qui lui viennent à l’évocation du gâchis qu’a été sa vie, avec une espèce de désolation accablée mais douce. Il se pourrait bien que ce soit précisément cela, cette compassion pour lui-même, qui finalement le sauvera de l’enfer…

« And if ever I

just wanted to cry,

then I will

So I can

And I will »

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