Archive – « Bullets »

Deuxième chanson de l’album « Controlling crowds » (2009), « Bullets » est un titre beaucoup plus pop qu’à l’ordinaire dans la discographie d’Archive, qui habituellement oscille entre le trip-hop, le rock progressif, et à degré moindre le rap.

Les morceaux pop du groupe de Bristol ne sont pas toujours réussis, mais celui-là, pardon… « Bullets » est une chanson à l’efficacité diabolique, qui déboule à un rythme effréné, d’abord avec une boucle de piano qui se module à peine, un chant monocorde et déterminé, puis avec une batterie métronomique, de longues nappes de synthé, des choeurs éthérés et lointains, et enfin avec des guitares qui se font de plus en plus hargneuses et torturées au fur et à mesure que la chanson se déploie, jusqu’à flirter avec la noisy pop.

L’atmosphère musicale de « Bullets » est aussi sombre et menaçante que dans le reste de l’album, d’autant plus que le titre évoque la balle d’un revolver et que les paroles, martelées avec une certaine brutalité, ne sont pas spécialement marquées au sceau de la CNV (« Underneath my skin there is a violence« ).

J’adore ce titre direct et frontal, immédiatement accrocheur, et pour autant très travaillé dans les arrangements. Je ne suis pas le seul, puisque « Bullets », premier single officiel de l’album, est devenu l’un des titres phares d’Archive: c’est sa chanson la plus écoutée sur Spotify, et le clip vidéo est le plus visionné sur leur chaîne YouTube.

Tout au long de cette chanson, une formule revient plusieurs fois: « Personal responsability« .

Je suis formé aux sciences sociales, dont je suis bien placé pour savoir que les moindres de nos croyances, de nos opinions et de nos comportements sont profondément influencés par nos appartenances sociales, et que le plus souvent, l’appel aux solutions individuelles contribue à dépolitiser les problèmes sociaux, à renvoyer la responsabilité de les régler aux individus qui les subissent, et à les culpabiliser s’ils n’y parviennent pas. Autant de manières, pour les dirigeants politiques et économiques, de ne rien régler…

Mais ça ne veut pas dire qu’on peut se permettre n’importe quoi sous prétexte que « Je n’y suis pour rien, c’est la faute de ma socialisation, de mon origine sociale, de mon milieu culturel » (ou « de mon striatum »). Se demander quelles vont être les implications de ce qu’on s’apprête à faire, essayer de s’améliorer, essayer de jouer un rôle positif autour de soi, c’est quand même la base de l’éthique.

Demain est le dernier jour pour le dépôt des candidatures pour le deuxième tour des élections législatives. À droite et dans le camp macroniste, chacune et chacun est placé devant un choix très simple: se maintenir au risque de faire gagner le RN, ou se retirer de la compétition? « Personal responsability« .

« Come touch me like I’m an ordinary man

Have a look in my eyes »

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