Everything but the girl, que les fans appellent parfois EBTG, est un duo formé il y a plus de quarante ans par deux jeunes gens qui étudiaient à l’Université de Hull, le compositeur et musicien Ben Watt et la chanteuse Tracey Thorn. Tous les deux vivent depuis lors en couple, et ils ont fini par se marier en 1988, à la naissance de leurs jumelles.
Le groupe est surtout connu pour un single merveilleusement mélancolique et dansant, « Missing » , et en particulier pour la version remixée par Todd Terry. Sorti en 1996, ce single a marqué un tournant dans la vie du duo, qui jusque là proposait une pop sophistiquée et jazzy, mais qui par la suite a produit une musique plus rythmée, mêlant le trip-hop et l’électro.
À partir des années 2000, Tracey Thorn et Ben Watt se sont surtout investis dans des projets personnels: la première a sorti plusieurs albums solo et s’est beaucoup consacrée à ses enfants, et le second a créé et dirigé un label de musique (Buzzin’ Fly Records) – il est aussi connu pour une excellente playlist sur Spotify, qu’il a appelée « Ben Watt’s SpinCycle », car il la modifie en permanence avec des morceaux issus d’horizons musicaux extrêmement variés.
On aurait pu croire que Everything but the girl était de l’histoire ancienne, mais en 2023, après 24 ans de pause, le duo a sorti un onzième album, truffés d’arrangements à la fois électroniques et acoustiques. Le titre de cet album, « Fuse » , signifie fusible, et Ben Watt explique que ce mot a été choisi parce qu’il a suffi de retravailler ensemble pour que la symbiose entre les deux artistes se réalise à nouveau. Tracey Thorn exprime la même satisfaction: « Il y avait à la fois une friction et une étincelle naturelle dans le studio quand nous avons commencé » , et « ça s’est terminé par une sorte de coalescence » (un phénomène physique par lequel deux substances identiques mais dispersées, ont tendance à se réunir), « une fusion émotionnelle. »
Ça doit être beau de travailler et de ressentir une telle connexion avec la personne qu’on aime. En tous cas cette description me fait envie…
Le single « Nothing left to lose » est sorti quelques mois avant l’album, en amuse-bouche. Chaque fan de Everything But the Girl peut instantanément s’y retrouver comme chez soi, car dès les premières mesures l’ADN du duo est reconnaissable: le goût pour la soul électronique et syncopée, le sens de la composition de Ben Watt, et la voix de Tracey Thorn, toujours aussi aérienne et claire que dans ses jeunes années. Le tout donne un morceau sacrément entêtant.
Les paroles parlent d’un couple qui cherche à se rapprocher, après avoir été trop éloigné sur le plan physique ou émotionnel, on ne sait pas bien. Tracey exprime avec des mots simples la douleur de l’absence (« Cause nothing works without you » ), la vulnérabilité (« I need a thicker skin » ), sa volonté de se dédier à l’autre et de le retrouver (« I’m here at your door / « I know the hour is late, / and I know you’ll make me wait / I can sit outside / I set fire to my pride » ).
Le monde se décompose, mais les amants ne renoncent pas à s’enlacer et à s’embrasser, apaisés par la musique. Là encore, ça donne envie.
« Kiss me while the world decays
Kiss me while the music plays »