Aujourd’hui, au terme de la campagne électorale sans doute la plus effroyable, la plus abjecte, la plus violente et la plus honteuse de l’histoire, les Américaines et les Américains sont invités à voter pour élire pour quatre ans leur président.
Il est rare que la formule « choix de société » ait autant de signification.
Lorsque le dépouillement sera terminé (sans doute pas demain matin), s’il s’avère si les principaux swing states ont basculé du côté de Trump, le monde en prendra pour quatre ans d’un président des États-Unis mégalomane, raciste, misogyne, violent, instable, inculte, stupide, colporteur de théories du complot délirantes – bref, un président des États-Unis totalement taré, sociopathe et incontrôlable, qui projette de mettre en lambeaux à peu près tout ce qui est indispensable à la stabilité du monde, à commencer par ce qu’il reste de la démocratie américaine, de l’indépendance des médias, de la gouvernance mondiale du climat, et tout simplement de la vérité (puisque cet homme infantile a une fois pour toutes décidé que la vérité, c’est ce qu’il pense et c’est ce qui correspond à ses propres besoins et désirs, tout ce qui le frustre étant par définition « fake »).
Si c’est Donald Trump que les Américains et les Américaines choisissent, il y a un risque réel pour que les États-Unis s’éloignent encore plus de la démocratie, pour qu’ils ne deviennent pas seulement une démocratie autoritaire mais carrément un régime autoritaire. C’est en tous cas très clairement le projet de Trump, qui est un tyran en puissance. Si ce type est élu, on pourra dire que les Américains et les Américaines (surtout les hommes, car les femmes sont beaucoup moins nombreuses à voté pour celui qui est un ennemi de leurs droits les plus élémentaires) ont appuyé à fond sur l’accélérateur du train fou qui nous emmène tout droit vers l’enfer.
S’il semble que les premiers résultats donnent Kamala Harris gagnante, je ne soufflerai pas pour autant.
D’abord parce que son programme est très éloigné de la gauche écologiste et sociale pour laquelle je vote et dont les États-Unis et le monde auraient besoin. C’est carrément grotesque qu’elle soit accusée par les républicains d’être une représentante de la « gauche radicale » LOL. Et puis le système politique américain est très complexe, et Kamala Harris ne serait de toutes façons pas en situation de faire grand chose, en tous cas pas ce qu’il faudrait.
S’il semble que les premiers résultats Kamala Harris gagnante, je resterai inquiet parce qu’on partira alors pour des semaines, sans doute pour des mois de contestations fondées sur des mensonges éhontés, car ce dingue de Trump a d’ores et déjà décidé qu’il « ne peut pas perdre », sauf si les élections sont « truquées ». Comme en 2020, ces contestations ne se dérouleront pas seulement sur le plan politique et juridique (il faut se souvenir que Trump a au cul de nombreuses procédures judiciaires et que s’il n’est pas élu il risque carrément la prison, ce qui est pour lui une motivation forte pour tout faire pour ne pas perdre, mais vraiment tout, et même totalement n’importe quoi). Elles risquent aussi de donner lieu à des dizaines et des dizaines de « petits Capitoles », d’assauts ou de menaces y compris physiques sur les structures et les personnes qui sont chargées, partout dans le pays, de certifier les résultats de l’élection.
Bref, les États-Unis partent sans doute pour une longue période de chaos, avec un risque très clair d’affrontements armés, car beaucoup de militants trumpistes sont non seulement réactionnaires, racistes, masculinistes et chauffés à blanc, ils sont aussi paranoïaques et armés jusqu’aux dents.
Effroyable, il n’y a pas d’autre mot.