The Clash – « Straight to hell »

« Straight to hell »: tout droit vers l’enfer.

Malheureusement, c’est à peu près ce que m’inspire le résultat de cette élection présidentielle américaine, la plus effroyable de l’histoire, autant pour son déroulement abject que pour son issue.

Comme je le craignais, le monde en a pris pour quatre ans d’un président des États-Unis sociopathe, mégalomane, raciste, misogyne, inculte, ouvertement climatosceptique, violent, instable et incontrôlable (et en plus il a été élu avec le soutien massif de l’homme le plus riche du monde, Elon Musk, qui est peut-être encore plus taré que lui, si la chose est possible).

Avec cette élection, les États-Unis ont appuyé à fond sur l’accélérateur du train fou qui nous emmène tout droit vers l’enfer…

Si je choisis de partager ce soir « Straight to hell », ce n’est pas seulement pour son titre: le reste aussi est d’actualité.

Les paroles, par exemple, décrivent de façon impitoyable le désir de certains enfants vietnamiens nés de l’union entre un soldat américain et une femme vietnamienne de se rendre aux États-Unis: ce désir est vain et absurde, chante Joe Strummer, car dans ce pays ils n’ont aucune chance de trouver la liberté à laquelle ils aspirent, c’est plutôt la déchéance et l’injustice qui leur sont promises. Les Clash chantent cela en 1982, une quarantaine d’années avant que les États-Unis de Trump aient bâti un mur pour se protéger d’immigrants qui, selon ce fou-furieux, « mangent des chiens » et viennent « voler le vote des Américains »…

Le texte de « Straight to hell », profondément désolé et désolant, est chanté sur un tempo lent, lancinant et même carrément angoissant, rythmé par une batterie sèche qui semble donner un coup de règle sur les doigts de celles et ceux à qui il restait une once d’espoir.

Et puis il y a aussi le fait que l’album sur lequel figure cette chanson, « Combat rock », est le cinquième et dernier des Clash. Le groupe est alors à bout d’énergie, miné par des tensions entre ses membres, fragilisé par la toxicomanie de son batteur Topper Headon, dont la légende raconte qu’il s’injectait de l’héroïne pour une centaine de livres par jour…

« Combat rock » sonne comme un adieu des Clash: tout au long de l’album, ça sent la fin.

Ça sent la fin.

Comme aujourd’hui avec cette vague trumpiste, je le crains. J’ai même envie de dire carrément que ça pue la fin. Si j’étais croyant, je dirais en tremblant « Dieu vous préserve ». Mais comme je ne le suis pas… vous pouvez deviner quel est mon état d’esprit ce soir.

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