Cinquième album de Björk, « Vespertine » est rempli d’expérimentations audacieuses, avec notamment un mélange entre une utilisation très poussée de l’électronique (des samples, des scratches subtils, des volutes de synthés envoûtantes…) et une profusion de sonorités cristallines et enfantines (des clochettes, du xylophone, du triangle, de la harpe, des choeurs angéliques…). C’est un disque hivernal, blanc comme une étendue de neige fraîche, calme et froid comme l’eau limpide d’un lac de montagne. Un disque qui marque un retour très net de la chanteuse islandaise aux frissons intimes, après l’excentricité extravertie qu’elle avait déployée dans « Dancer in the dark ».
Sixième titre de l’album, « Frosti » est un morceau instrumental très court (1’42), qui illustre tout particulièrement ces tendances, avec une forme de naïveté aussi décomplexée qu’étonnante.
À entendre le carillon qui ouvre la chanson, on se sent immédiatement transporté dans un ailleurs mystérieux: au pied d’un beffroi flamand? Devant une horloge astronomique, au moment où des fenêtres s’ouvrent pour faire apparaître des rois mages ou des angelots? Ou bien dans la chambre d’une petite fille qui fait tourner avec ravissement la manivelle de sa boîte à musique? Mais plus encore, « Frosti » me fait penser à la bande originale que Yann Tiersen avait composée à la fin des années 90 pour un merveilleux petit dessin animé, « Le cyclope de la mer ».
En tous cas Björk nous offre ici une musique fragile et innocente, qui illustre joliment le temps de l’Avent, et à laquelle je suis très sensible.