Air – « Sexy boy »

Sorti en 1998, l’album « Moon safari » est le premier est du duo versaillais formé par Jean-Benoît Dunckel et Nicolas Godin.

L’originalité du groupe se situe dans le mélange entre la modernité assumée des sonorités électroniques et un son rétro et mélancolique, le plus souvent lent ou même très lent (downtempo). Les synthés sont souvent futuristes, industriels et planants, mais ils ont parfois une tonalité plus vintage (un adjectif qui s’applique aussi très bien au design des pochettes de disques, du site Internet et des produits dérivés, qui évoquent la pop culture américaine dans les années 60-70). La subtilité de cet alliage tient aussi aux instruments acoustiques et aux voix (vocodées ou non), qui apportent de la vie, de la chaleur et de l’émotion, de même que les cuivres ou les cordes qui surgissent parfois de façon inattendue…

Cette façon habile d’exprimer le spleen tout en douceur et en légèreté (un commentateur a dit que « Moon safari » est « le disque de la joie perdue« ) a tout de suite emporté l’enthousiasme de la presse musicale. En quelques mois seulement, Air s’est imposé comme le groupe leader de la French touch, et il parviendra à s’exporter largement, au point d’être retenu par Sofia Coppola pour composer la superbe et envoûtante bande originale de « Virgin suicides ».

Les fins connaisseurs de la French touch (dont je ne suis pas) et les grands fans de Air assurent que « Sexy boy » n’est pas, loin delà, le meilleur morceau du duo. Pour ma part je connais très mal sa discographie, alors va pour ce méga-tube, que j’aime beaucoup pour plein de petites choses qui, toutes ensemble, en font un morceau d’une redoutable séduction: pour sa basse numérique abyssale qui fait vibrer de la tête aux pieds, pour les petits sons de synthé tremblants qui s’invitent à 0’52, pour le refrain qui donne l’impression de décoller de Gattaca pour une excursion interstellaire, pour la douce voix vocodée qui nous susurre la succession de « Sexy boy…« 

Cette chanson est un hymne à la sensualité masculine, ce qui n’est pas si fréquent. Il faut avoir l’esprit assez original et audacieux pour proclamer « Moi aussi, un jour, / je serai beau comme un Dieu« …

Mais le plus étonnant, peut-être, est que cette musique puisse aussi bien plaire aux clubbers extravertis qui dansent avec frénésie et qui se couchent quand les autres se lèvent, qu’aux solitaires qui, pendant des heures entières, perdus dans leurs pensées et dans leurs souvenirs, fixent les étoiles imaginaires du plafond de leur chambre à coucher, en se demandant ce qu’elles sont devenues, comment elles vivent, dans quels bras elles s’abandonnent…

« Où sont tes héros?« 

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