Je ne suis pas toujours fan du cinéma de Robert Guédiguian, un peu parce que je trouve parfois ses films trop bien-pensants, et un peu parce que j’ai du mal avec le jeu de ses acteurs et actrices (notamment Ariane Ascaride).
Mais ce midi j’ai commencé à regarder ce film pendant ma pause, et je dois dire que ça m’a fait beaucoup de bien de me connecter à de l’optimisme, de la solidarité et de la douceur, d’autant plus au lendemain d’une investiture de Trump littéralement effroyable. Tellement de bien que je suis allé au bout. J’avais besoin d’une respiration, et ce film me l’a donnée.
Comme l’a écrit à peu près Jacques Prévert, il y a des gens qui s’entre-aiment et j’irai les rejoindre. C’est à peu près ce que j’ai ressenti devant ce film choral, mélancolique mais réjouissant, qui évoque avec tendresse les différentes manières dont on peut donner chair au verbe « transmettre ».
Avec quelques superbes scènes en tête: le désarroi de Jean-Pierre Darroussin, démuni pour renouer avec sa fille qui se défie de lui… la façon dont cette fille farouche finit par baisser ses défenses pour accepter l’affection qu’il lui offre… l’enthousiasme candide d’Ariane Ascaride qui accueille comme une ado ses sentiments amoureux, simplement parce que ça lui fait du bien de ne plus seulement se sacrifier pour les autres…
Et puis aussi quelques plans magnifiques de la mer entre chien et loup (avec le plaisir de reconnaître des ruelles arpentées avec toi Popa Anca…)
Et enfin les mots prononcés en voix off par Ariane Ascaride pour clore le film, tandis qu’elle est filmée, de dos, sans doute méditative, en train de contempler l’infini de la baie de Marseille depuis l’anse de la fausse monnaie: « Il faut affirmer sans cesse que rien n’est fini, que tout commence ».