The Tindersticks – « Always a stranger »

Le nouvel album des Tindesticks, « Soft tissue » , va sortir le 13 septembre, mais on peut déjà écouter ce superbe single dans lequel je retrouve tout ce qui fait le charme si mystérieux, si suave et si mélancolique du groupe de Nottingham. La voix classieuse et légèrement nasillarde de Stuart Staples y danse doucement sur des arrangements ouvragés et captivants, avec des balais softissimes, une boucle électronique hypnotique, des cordes aussi amples et élégantes que d’habitude (on retrouve les Tindersticks comme on rentre à la maison), une trompette tournoyante…

Stuart Staples dit lui-même qu’il ne sait pas très bien d’où vient ce morceau: « Pour certaines chansons, je ne comprends pas du tout d’où elles viennent – elles se produisent simplement. «Always a stranger» est l’une de ces chansons, elle renferme une sorte de mystère pour moi, au cœur même. »

On peut quand même en dire que c’est une chanson qui parle de la difficulté, voire de l’impossibilité de communiquer vraiment, parce que nous ne nous rejoignons qu’à peine, nous ne nous effleurons que de justesse, mais nous n’entrons jamais tout à fait dans le monde de l’autre (« We meet at our edges / (…) We touch at our edges » ). Parfois on croit qu’une relation va sortir de l’ordinaire et créer une communion inespérée (« We meet at our centre » ), mais tôt ou tard on se rend compte que ce n’était qu’une illusion à laquelle on a voulu se laisser prendre, et c’est alors le sentiment d’éloignement qui reprend le dessus (« This light falls » ). On a beau y être invité, en général on n’est guère plus qu’un étranger dans la vie de l’autre…

Tout ça n’est pas spécialement joyeux, mais c’est tellement doux, tellement gracieux, tellement beau, que ça m’emporte de façon délicieuse. Depuis que j’ai découvert ce morceau ce matin, je l’ai déjà écouté une dizaine de fois, avec les sentiments mélangés et contrastés qui caractérisent la mélancolie: le plaisir sur un arrière-fond de chagrin ou de carence affective. Avec « Always a stranger » , les Tindersticks confirment qu’ils sont encore et toujours maîtres dans l’art de ce cocktail doux-amer qui m’est si familier…

« My love is in flames and I’m always a stranger »

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